Aya Nakamura : une enquête ouverte après une vague d'attaques racistes

Aya Nakamura (2022, Facebook).
Une enquête a été ouverte après les nombreuses attaques racistes visant la chanteuse franco-malienne Aya Nakamura depuis les rumeurs sur son éventuelle participation à la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques.

"Oh Djadja, ya pas moyen Djadja" : ces paroles d'une chansons phares d'Aya Nakamura sont actuellement détournés -"Ya pas moyen Aya, ici c'est Paris, pas le marché de Bamako"- par le groupe identitaire Les Natifs sur Twitter...et des slogans comme ceux-là n'arrêtent pas de tourner en boucle sur les réseaux sociaux.

La chanteuse de 28 ans, sacrée artiste féminine aux Victoires de la musique, est stigmatisée par l'extrême droite et fait l'objet de nombreuses attaques racistes depuis l'annonce, fin février par l'hebdomadaire L'Express, de sa possible participation à la soirée du 26 juillet de lancement des Jeux olympiques d'été à Paris. Cette participation éventuelle n'a été officialisée à ce jour ni par la chanteuse, ni par les organisateurs des Jeux, ni par l'Elysée mais elle engendre une vague de haine en vogue...et des débats entre ses détracteurs et ses défenseurs. 

Ceux qui critiquent la chanteuse francophone la plus écoutée au monde ne tolèrent pas les libertés qu'elle prend avec la langue française, comme dans "Djadja" citée plus-haut, mêlant argot, vocabulaire et images venus des quatre coins du monde ("J'suis pas ta catin, Djadja, genre, en catchana baby, tu dead ça").

Racisme

Le Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH) a ouvert une enquête après la réception mercredi du signalement de la Licra "dénonçant des publications à caractère raciste au préjudice d'Aya Nakamura", a indiqué vendredi le parquet, sollicité par l'AFP.

Vendredi, SOS Racisme a également annoncé saisir la justice à son tour dénonçant les propos racistes contre la chanteuse dont le but sont "d'affirmer qu'Aya Nakamura n'a aucune légitimité à représenter la France" alors qu'elle est une "artiste française". La chanteuse franco-malienne est "renvoyée à des origines maliennes manifestement disqualifiantes aux yeux de l'extrême droite", a poursuivi SOS Racisme.

L'artiste a elle aussi réagi sur ses réseaux sociaux : "Vous pouvez être raciste mais pas sourd... C'est sa qui vous fait mal ! Je deviens un sujet d'état numéro 1 en débats ect mais je vous dois quoi en vrai ? Kedal".

Face aux attaques racistes répétées, la chanteuse a bénéficié de nombreux soutiens, même de ceux qui ne l'écoutent pas forcément. Mardi, la ministre de la Culture, Rachida Dati, a mis en garde contre les "prétextes pour s'attaquer à quelqu'un par pur racisme" : "s'attaquer à une artiste pour ce qu'elle est, est inacceptable, c'est un délit".

Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports et des Jeux Olympiques, a, elle, choisi d'exprimer son soutien à Aya Nakamura en reprenant le refrain de "Djadja".

"Sur quels critères vous vous basez pour dire qu'elle ne peut pas représenter la France ?", a demandé dans une vidéo diffusée sur TikTok l'ancien footballeur Lilian Thuram, très investi dans la lutte contre le racisme.

"Le racisme (...) c'est lorsqu'on essaye de vous dire que vous n'avez pas le droit d'avoir ce que vous méritez", a ajouté Lilian Thuram, invitant à "surtout ne pas banaliser ce discours" qu'une personne de couleur noire ne pourrait pas représenter la France.