Carlos Natua est une force tranquille, un journaliste serein, même queqlues secondes avant d'être en direct à l'antenne radio, sans savoir si son invité va bien répondre au téléphone. Ce qui compte pour Carlos, c'est de "rendre service aux gens". Depuis 18 ans, il présente les journaux radios en reo mao'hi, le premier à 5h30 du matin, il faut alors arriver vers 4h pour tout préparer. "Ca m'a plu parce que je savais qu'il y avait 30.000 auditeurs fidèles à mon journal, c'est pour eux que je fais ça." explique le néo retraité.
Carlos est arrivé à RFO en 1987, à 30 ans, après des études de théologie en suisse, en même temps qu'un certain Eugène Roe. "Je voulais étudier l'hébreu et le grec pour mieux comprendre les écrits." explique celui qui a toujours été passionné par les langues et la religion. Il entre à RFO après un examen d'entrée en reo mao'hi. Il débute à la télévision, pour le journal du soir. C'est là qu'il apprend le métier.
Au bout de quelques temps, David Marae, qui présente alors le ve'a, demande à ce que Carlos réalise les portraits pour le journal du soir en reo mao'hi. "J'ai ainsi silloné la Polynésie, rencontré les gens, j'ai appris le métier." reconnait Carlos. L'entraide et la discussion sont au coeur du métier de journalitse. "Il y a toujours eu de la solidarité, pour bien tourner les phrases, ne pas se répéter, choisir les bons mots." Carlos est d'ailleurs choisit pour commenter les courses de va'a, lui qui parle si bien la langue et mets de l'émotion dans chacune de ces interventions.
Pour lui qui a déjà travaillé pour une radio en suisse, il prends vite en main les outils des rédacteurs radios et apprécie le travail en radio. "C'est la proximité qui me plait dans la radio, c'est du spontané, on peut discuter avec les gens. Pendant qu'ils sont encore au montage en télévision, moi j'ai déjà tout dit en direct à midi." confie Carlos.
En 2007, il est fidélisé à l'antenne pour présenter la matinale radio en reo mao'hi. Se lever à 3h du matin, hiérarchiser son journal, trouver des informations supplémentaires pour tenir les 15 minutes et se lancer en direct à 5h30 du matin devient son quotidien, un vrai boulanger de l'information. Encore une fois, ce sont pour les gens que Carlos trouve du sens à sa mission. "Je suis devenu un éducatur dans les foyers, je tenais à bien parler le reo mao'hi, à bien choisir les mots que je trouvais dans la bible par exemple, tout ça pour donner du bon ma'a aux gens." explique-t-il.
"J'ai l'impresion d'avoir rendu service aux gens." reconnaît Carlos. Présent avec Pascal et Mickey en direct sur les ondes une dernière fois ce vendredi matin, Carlos a reçu des appels remplis de bienveillance et de remerciement. Pourquoi s'en aller alors ? "Il faut laisser la place, il y a une jeunesse qui arrive, ce n'est pas que je suis dépassé mais ils seront plus adaptés pour travailler avec les nouvelles technologies." À 67 ans, il est temps pour notre journaliste de profiter de sa retraite et de sa femme aussi. "Il a fallu qu'on réaprenne à vivre ensemble tout le temps. Au début, il y a eu des étincelles, plaisante sa compagne présente pour ses aurevoirs, Polynésie la Première, c'est sa seconde maison."