Chiens tueurs : six prévenus à la barre

Chiens tueurs : six prévenus à la barre
Une histoire tragique enfin, jugée. Celle d’une octogénaire dévorée par des molosses en 2020, c’était au complexe de l'AS JT. Plus de 4 ans après, la famille de la victime demande justice afin que plus jamais une chose pareille n’arrive. Six prévenus comparaissaient ce vendredi 27 septembre devant le tribunal correctionnel. Tous sont condamnés à des peines de sursis.

Une salle d’audience aux allures de chapelle et un jugement dernier qui se termine, enfin... À la barre du tribunal correctionnel, les trois propriétaires de chiens jugés pour homicide involontaire et trois autres personnes jugées pour avoir aidé l’un des maîtres à laver son chien après les faits.

Des faits qui remontent au mois de mai 2020. Une femme âgée de 87 ans effectue sa marche matinale habituelle au stade de JT lorsqu'elle est sauvagement attaquée par cinq chiens. Il s'agit majoritairement de molosses de race pitbull et bull terrier.

Des témoins, qui jouaient au tennis à proximité, avaient bien tenté de la secourir, avant d’être à leur tour attaqués par les chiens. C’est finalement l’intervention de la police municipale avec leur véhicule qui a fait fuir la meute. Mais, pour l'octogénaire, il est trop tard. Elle décède sur les lieux. Pour la famille endeuillée, c’est une blessure qui ne cicatrisera sans doute, jamais...

"Je pourrais jamais oublier. À 7h, ma soeur m'appelle pour me dire : maman est décédée, elle est partie ! Mais comment ça ? Elle faisait sa marche ! On n'aurait jamais pensé qu'une meute de chiens... Que jamais plus cela se passse, il faut que les politiques se réveillent, qu'on soit plus sévère. On aime les animaux, ça fait partie de notre vie, on a grandi avec mais ça ne permet pas aux chiens d'attaquer et de tuer les gens comme ça". 

Valérie Layoussaint– fille cadette de la victime

À la barre, les accusés ont reconnu leur implication. "On ne  les attachait pas, car ils n’étaient pas agressifs. Je savais qu’ils sortaient, mais pas qu’ils allaient aussi loin" déclare le principal propriétaire de chiens. Le prévenu ne semble pas comprendre que des chiens catégorisés peuvent potentiellement être des armes. Pourtant, il a déjà été condamné pour des attaques de chien. Il est le premier à être entendu, ses mots sont pour la famille de la victime. "Je demande pardon, ça aurait pu être ma mère".

Ce père de famille insistera sur le fait que le chien de son fils n'y est pour rien dans cette attaque. Une manœuvre jugée désespérée par la partie civile pour qui le prévenu tente là d'épargner son fils en récidive légale pour une autre affaire, un trafic d'ice.

Des chiens cachés et lavés à la javel

À l'audience, trois des prévenus sont accusés d'avoir voulu nettoyer le chien à la javel pour éliminer toute trace de sang et le cacher. Un obstacle flagrant à la manifestation de la vérité...

"On est quand même sur un dossier où vous avez une mamie qui a été dévorée vivante par des chiens qui étaient connus par tout le monde pour être agressifs, mordre les gens et aucune mesure n'avait été prise pour protéger les gens, attacher les chiens, clôturer le terrain"

Teremoana Hellec - avocat de la partie civile

Le principal propriétaire écope de 3 ans avec sursis probatoire. Le fils est relaxé de l'homicide involontaire, mais écope d'un an avec sursis probatoire pour destruction de preuves. Sa compagne, co-propriétaire des chiens, est condamnée à 18 mois avec sursis. La mère, qui avait shampooinné le chien, écope d'un an avec sursis. L'autre fils, qui avait tenté de cacher le chien, est condamné à 4 mois avec sursis. Enfin, la 6e personne, qui avait transporté le chien sur Puna'auia pour le cacher, est relaxée.

Le délibéré est plus clément que les réquisitions de l’avocat général qui avait notamment requis quatre ans d’emprisonnement dont deux ans de sursis probatoire avec mandat de dépôt pour deux des détenteurs de chiens.

Quant aux molosses, suite à une expertise comportementale ayant conclu à une dangerosité des chiens, tous ont été euthanasiés.

Le délibéré devrait être rendu dans la soirée.