Comment s’est réalisée la suite du peuplement ? Des pistes de réflexion sont émises grâce à la linguistique, la botanique ou encore l’archéologie.
Jacques Vernaudon maître de conférences en linguistique à l’université de Outumaoro évoque d'abord "un scénario classique [qui] dit qu'à partir de ce foyer initial les populations sont parties pour certaines vers l'est et d'autres vers l'ouest. D'autres chercheurs disent qu'elles seraient d'abord parties vers l'ouest, jusque vers les Salomon, puis vers l'est en passant par un couloir du nord, et de là elles auraient accédé à la Polynésie dite orientale", explique le chercheur.
Plantes migratrices
Pour suivre le peuplement de l'Océanie, un groupe de botanistes d’Australie, de Hawaii, du Pacifique sud et de Polynésie s'est essentiellement intéressé à l’implantation de 3 plantes : l’arbre à pain, le plantain (le fei) et le mûrier à papier.
Ces arbres ont permis de suivre les processus de peuplement du Pacifique, avec notamment une étude génétique comme l'explique Jean-Francois Butaud, botaniste en Polynésie : "Les gènes nous ont plutôt indiqué que ce qu'on avait ici en terme de variétés de uru, de fei et de mûrier à papier, n'était pas très relié aux Samoa. C'était plutôt relié aux îles Salomon, à la Papouasie-Nouvelle Guinée, au Vanuatu. Cela veut dire que des ancêtres des Polynésiens orientaux d'ici sont venus non pas si proche des Samoa mais plus loin à l'ouest, ils étaient en contact avec des gens des Salomon, et ont échangé des plantes et sont venus avec ces plantes-là. Et des fois avec les noms des plantes".
Tout converge vers l'Asie du sud-est
Mais une chose est désormais certaine, c'est l'origine asiatique des Polynésiens. Et cela grâce à la mise contribution des différents domaines scientifiques comme l’archéologie, l’ethnobotanique, la linguistique ou encore les approches culturelles.
Pour le maître de conférences en linguistique, Jacques Vernaudon, le doute est désormais levé.
Ecoutez-le :
Une conclusion qui balaie la théorie du navigateur norvégien Thor Heyerdahl qui a trouvé lors de son expédition, en Amérique du nord, des ressemblances de pratiques spirituelles mais aussi linguistiques avec le peuple polynésien.
Echanges avec l'Amérique latine
Néanmoins la communauté scientifique parle aussi de contact avec le peuple amérindien, notamment avec l’introduction de la patate douce, largement consommée ici en Polynésie.
L’anthropologue marquisien Edgard Tetahiotupa est de cet avis. Lui ne minimise pas les échanges culturels avec les Indiens d’Amérique latine.
Ecoutez-le :
Tous ces échanges ont suscité l’intérêt des spécialistes des langues polynésiennes. Pour Maxime Hauata, membre de l’académie paumotu, ce genre de colloque pourrait par ailleurs réveiller des vocations. "C'est très intéressant d'échanger les savoir-faire de chaque région océanienne, et surtout par rapport aux recherches menées par les scientifiques en linguistique ou en botanique, sur les noms vernaculaires. Les colloques sont aussi faits pour que les jeunes s'y intéressent et sachent qu'il y a aussi des opportunités d'emploi", a ainsi déclaré ce spécialiste en linguistique.
Ce mercredi, une sortie culturelle est prévue à Moorea pour les intervenants de ce 12ème colloque linguistique.