" L’ouverture filtrée de ces archives […] c’est plus de l’opacité que de la transparence", regrette maître Philippe Neuffer.
27 janvier 1996, date du dernier tir nucléaire souterrain français en Polynésie. 26 ans plus tard, la France procède à l’ouverture de ces archives. 90% des documents expertisés ont reçu un avis favorable à la communication et deviennent donc accessibles à tous. Mais pour Frère Maxime, président du bureau exécutif Association 193, cette nouvelle n’en est pas vraiment une. Puisque l’ouverture des archives leur a été confirmée en novembre dernier lors d’une réunion au Haut-Commissariat. « Ce que nous demandons et ce que la population demande, c’est que il y ait une demande de pardon, quand il y a une demande de pardon c’est qu’on reconnait qu’on a fait une erreur et donc on veut disons réparer. Et la deuxième chose, la réparation. Quelle galère pour la réparation ! »
Sur les 180 dossiers d’indemnisation, à peine plus de la moitié ont reçu l’avis favorable du Comité d'indemnisation des victimes des essais nucléaires. Et même si 95% de ces dossiers obtiennent gain de cause auprès du tribunal administratif. Ils sont en majorité contestés par le CIVEN devant la cour d’appel. Ce qui préoccupe les associations, ce ne sont guère les archives nucléaires mais plutôt la loi Morin.
Maître Philippe NEUFFER, qui défend des victimes depuis 15 ans, considère que « pour ce qui concerne les victimes des essais nucléaires, le passé n’est pas utile, ce qui est utile c’est l’avenir, changer la loi, faire en sorte que cette loi indemnise pour de vrai, et surtout faire en sorte que cette loi indemnise les ayants-droits.»
Des ayants-droits qui peuvent déjà accéder à l’historique du CEP, le centre d’expérimentation du Pacifique, disponible sur le site internet de l’Assemblée. Des livres sur le fait nucléaire en Polynésie sont également déjà parus. Jean-Marc Regnault, historien et auteur, considère l’ouverture de ces archives comme un complément d’information, « l’histoire du CEP c’est aussi l’histoire politique de la Polynésie c’est-à-dire comment les hommes politiques locaux ont réagi, comment ils ont collaboré avec le CEP, comment certains s’y sont opposés et comment l’État a essayé de les faire taire, donc tout ça il faudrait le savoir, on le sait déjà en partie, mais y a encore beaucoup d’archives à ouvrir. »
Ces archives sont celles de la police, de la justice, mais aussi les archives diplomatiques sur les relations françaises avec les autres pays du Pacifique à cette époque. Elles permettraient de comprendre en toute transparence ces 30 années de nucléaire en Polynésie.