Hydrocarbure : halte aux surfacturations illégales !

Les compagnies maritimes inter-îles n'ont pas le droit de surfacturer le carburant
Les compagnies maritimes inter-îles ont-elles le droit de surfacturer le carburant ? Non, selon un arrêté du pays. Mais certaines, par méconnaissance de la loi ou par manque de scrupule, pratiquent des tarifs plus élevés qu’à la pompe.

L’une des quatre compagnies auxquelles nous nous sommes intéressés, et qui dessert les Tuamotu, revend du carburant aux habitants plus cher que le prix fixé par arrêté gouvernemental. En nous faisant passer pour un client, nous appelons la dite compagnie pour connaître le tarif d’un fût d’essence de 200 litres.

 « C’est 37 700 XPF, plus 3 850 XPF, soit un montant total de 41 550 XPF »

Pour ce qui concerne le fût de gasoil de 200 litres, il coûte « 37 707 XPF, plus 3 000 XPF, soit 40 707 XPF ».

Pour en être certain, nous nous rendons directement dans ses locaux pour avoir une confirmation, en demandant un devis.

Les compagnies maritimes inter-îles n'ont pas le droit de surfacturer le carburant

 

37 700 francs pour le baril d’essence, soit 188,5 francs le litre. Pour le gasoil, le litre est facturé 188,535 francs. Pour le premier, la compagnie maritime revend le litre 7,5 francs plus cher que le prix fixé par le pays, qui est de 181 francs. Pour le second, le litre est commercialisé 5,535 FCFP.

« C’est pour le transport et la consigne »

Interrogée anonymement dans ses locaux sur la raison de ce prix, la compagnie précise que c'est « pour la consigne, elle coûte 1 500 francs, et pour le mazout, le transport coûte 1 107 francs ».

Or, le prix de la consigne est également fixé par le gouvernement. Pour l’achat d’un fût d’essence, ce dernier est facturé 1 500 francs, si l’acheteur le restitue à la compagnie. Dans le cas contraire, il coûtera 5 000 francs. Le fût de gasoil, lui, coûte 3 000 francs.

Illégale

Une pratique totalement illégale selon l’article 7 de l’arrêté n°1104 CM du 28 juin 2022, fixe « sur l’ensemble de la Polynésie française, le prix maximal de vente au détail est fixé pour les produits suivants à :

  • 181 F/litre pour l’essence,
  • 183 F/litre pour le gasoil. »

L’article 10 de cet arrêté précise également qu’ « est puni des peines prévues pour les contraventions de la 5ème classe, soit 178 997 F CFP par infraction, le fait pour une entreprise importatrice ou distributrice de vendre ou de proposer à la vente à un revendeur, un litre de produit hydrocarbure à un prix supérieur à celui fixé pour ce produit en application des dispositions du présent arrêté ».

En d’autres termes, revendre du carburant avec un tarif plus élevé que celui fixé par le gouvernement est une pratique totalement illégale, et punie par une amende.

Une vieille pratique

Une habitante plus vigilante a également été victime de cette surfacturation, mais avec une autre compagnie. Au mois de juillet 2022, cette habitante des Tuamotu commande un fût de gasoil auprès de son transporteur habituel.

Les compagnies maritimes inter-îles n'ont pas le droit de surfacturer le carburant

Et quelle ne fut pas sa surprise !

Cette victime interpelle alors la Direction Générales des Affaires Économiques. Le service lui confirme que des agents ont réalisé des contrôles.

Les compagnies maritimes inter-îles n'ont pas le droit de surfacturer le carburant

La compagnie maritime mise en cause a régularisé ses tarifs puisqu’elle facture désormais le carburant…au bon prix ! 

« Il faut les sortir ces 40 000 balles ! »

Impossible de savoir depuis combien de temps certaines compagnies inter-îles useraient de ces pratiques. Cette habitante des Tuamotu veut alerter.