Il est trois heures du matin à Toulon et 14 heures à Taravao quand Jean-Jacques reçoit l’appel de son fils Och’Conor. Les pompiers viennent de le soigner des blessures du coup de couteau. "Il l'a dissimulé dans la manche de son pull. Au moment d'attaquer, je l'ai vu sortir l'arme. J'ai vu la lame venir vers moi, du coup j'ai mis mon bras et j'ai reçu le couteau au niveau du bras. J'ai eu le temps de le repousser avec un coup de pied. Puis je me suis mis en sécurité dans mon appartement et j'ai appelé les gendarmes" relate Och’Conor au téléphone.
"J'ai peur qu'il revienne pour se venger"
Le jeune homme de 23 ans venait de toquer à la porte de l’appartement dans lequel il entendait une femme crier. En tentant de calmer l'affaire, il se retrouve face à un homme violent. Il ne le sait pas mais l'homme est recherché par les forces de l'ordre à Paris. Une histoire traumatisante pour son père. "Merci d'être en vie" dit Jean-Jacques Testevuide en pleurs. "Je voulais prendre un billet d'avion, descendre en France et aller voir le mec [l'agresseur de son fils, ndlr] et régler cette affaire" lâche le père de famille.
Heureusement, Och’Conor pratique la boxe thaï et a eu les bons réflexes pour se protéger. L'agresseur a été interpellé par les gendarmes. Mais des inquiétudes demeurent. "J'ai une copine... J'ai peur qu'il revienne pour se venger. À part ça, ça va" confie Och’Conor.
Une cause noble
Pour son père, encore touché par l’histoire, il faut maintenant relativiser pour tourner la page. "On n'a pas envie que nos enfants partent mais c'est la vie, ils doivent aller faire leurs études, faire ce qu'ils ont envie de faire, comme l'Armée par exemple. Prenez soin de vous. On vous encourage à faire vos études et revenir au Pays" adresse Jean-Jacques.
Och’Conor a eu trois jours d’incapacité totale de travail. Demain, il fêtera ses 24 ans et s’engagera dans l’Armée. Mais le jeune homme lance aujourd’hui un appel pour alerter les forces de l’ordre aux premières violences... Chaque année, une centaine de femmes sont tuées par leur conjoint ou leur ex-conjoint en France.
Au début du mois à Toulouse, un autre Polynésien installé en métropole nous faisait part d'une agression en pleine rue : il s'est fait frapper par un homme derrière la tête sans aucune raison. Il a préféré continuer sa route et ne pas répliquer, de peur que l'homme soit en possession d'une arme blanche.