Café-pain-beurre : c'est un combo bien connu quand on vient de Polynésie, peu importe la classe sociale. Chez Andrea et Ama Tamahahe, ce menu sauve bien des repas... Avec treize personnes à table qui vivent grâce aux deux uniques revenus (au SMIG) du foyer, "difficile" de s'offrir de bons plats équilibrés tous les jours. "Il y a des moments où on a du mal. Surtout quand on a des choses à payer, comme le loyer, le courant. Ça c'est vraiment important pour nous" témoigne Andrea.
Cette famille habite à Titioro, où la moitié des habitants a arrêté l'école avant le bac, selon une référente de la maison de quartier. Le premier axe du rapport du Conseil Economique Social Environnemental et Culturel présenté mercredi 14 août en séance plénière, concerne justement l'éducation "comme levier pour lutter contre la pauvreté." Le compte-rendu baptisé "Une société polynésienne fracturée : quelles perspectives pour une société plus équitable ?" tient sur une soixantaine de pages et se base sur les données les plus récentes (qui révèlent par ailleurs un manque cruel de nouvelles études). L'emploi, le logement, la fiscalité et la politique sociale sont les quatre autres axes qui le composent.
Cinq grands thèmes sur lesquels travailler pour lutter contre les inégalités sociales, c'est en somme l'idée de ce rapport, adopté à 40 voix pour et sept abstentions, au terme de trois heures de débat. Des échanges auxquels peut participer toute personne de la société civile.
Dans l'immédiat, ce rapport ne changera pas la vie d'Andrea et sa famille. Mais il pourra orienter l'action des pouvoirs publics. "On donne des idées, on rappelle qu’il y a ci, ça. Les idées sont données par le Conseil économique, mais c’est aux politiques de les mettre en place, s’ils veulent bien l’appliquer, parce-que eux ont été élus" explique Makalio Folituu, président de l'association de défense des consommateurs et deuxième vice-président du CESEC. La quatrième institution du pays est dans son rôle en présentant 72 recommandations pour améliorer le modèle sociétal et éducatif actuel et en se saisissant d'un problème de pauvreté flagrant en Polynésie.
Rappelons que les prix sont 30% plus élevés au fenua qu'en métropole, du fait de l'isolement de la Polynésie. Que l'accès à l'éducation, à l'emploi ainsi que les revenus sont très inégalitaires. Et qu'on parle d'inégalités qui se creusent depuis les années 1960 et l'ère du nucléaire. Il reste néanmoins une richesse indéniable à la Polynésie et ses habitants : des ressources naturelles précieuses qu'il leur faut préserver.