Anna est ingénieure en agronomie. Depuis 2016, elle est à la tête de la seule écloserie de nacres au fenua, un univers dans lequel elle baigne depuis sa plus tendre enfance.
Après plusieurs années d'études, elle décide d'ouvrir un laboratoire, et ça tombe bien, car la demande est là. Du coup, ses parents investissent et Anna réalise par la même occasion leur rêve. Les premiers résultats sont plutôt encourageants.
"Au début, on a commencé avec 20 000 nacres; puis 600 000, et enfin 1,5 million d'un coup. Donc, en élevage dans les concessions, j'ai 1,5 million de nacres de taille greffable", explique la jeune femme.
Sa méthode de travail est minutieuse. "C'est comme les bébés, ça mange, ça défèque, donc tous les jours je dois les laver et je les nourris toutes les 3 heures quasiment. Parfois c'est même la nuit quand elles sont encore de petites larves", précise Anna.
Les commandes se sont enchaînées jusqu'au moment où la crise sanitaire est arrivée : "les 1,5 millions de nacres devaient être vendues aux perliculteurs qui les avaient commandées, mais avec la crise du covid, ils ont été en difficulté, et ont tous annulé leurs achats de nacres. Donc je me suis retrouvée avec tous les petits naissains sur les bras et depuis 2 ans je les élève à ma charge", avoue avec regret Anna.
Des nacres qui évoluent aujourd'hui sur une surface maritime de 120 hectares. "Elles sont toutes de taille greffable, elles font 11 cm et présentent de belles couleurs, aucune n'est malade, les collecteurs sont super propres naturellement dans le lagon", détaille cette ingénieure.
Conséquence : Anna s'est reconvertie à la greffe pour ne pas gâcher sa production. Elle a réussi à produire des perles noires et colorées, et le résultat est magnifique.
Aujourd'hui, elle fournit les 6 fermes perlicoles de Fakarava et d'autres îles aux Tuamotu, mais cela ne suffit pas à écouler le stock.