La Corée du Nord tire 2 missiles et menace de transformer le Pacifique en "champ de tir"

Une femme passe devant une télévision diffusant un journal télévisé avec des images d'archives d'un test de missile nord-coréen, dans une gare de Séoul le 18 février 2023. La Corée du Nord a tiré un missile balistique à longue portée présumé le 18 février, a déclaré l'armée sud-coréenne.
La Corée du Nord a tiré deux missiles balistiques à courte portée lundi (heure locale), a annoncé Séoul 48 heures après le lancement d'un missile balistique intercontinental (ICBM) condamné par le secrétaire général de l'ONU.

"Nos militaires ont détecté deux missiles balistiques de courte portée tirés depuis les zones de Sukchon dans la province de Pyongan du Sud entre 07H00 et 07H11 (22H00 et 22H11 GMT) ce matin", a indiqué l'état-major interarmées de la Corée du Sud.

Tokyo a également confirmé ces lancements, le bureau du Premier ministre avertissant que le Nord a lancé "un missile balistique présumé" et les garde-côtes ayant émis des alertes concernant de multiples projectiles.

Peu après, Pyongyang a publié une déclaration indiquant qu'elle avait "tiré à deux reprises à l'aide de lance-roquettes multiples de 600 mm", dans la mer de l'Est, en référence à l'étendue d'eau également connue sous le nom de mer du Japon.
Ce lancement intervient moins de 48 heures après que Pyongyang a effectué ce qu'il a qualifié d'exercice "surprise" de tir d'un missile balistique intercontinental (ICBM), qui, selon lui, démontre ses capacités de "contre-attaque nucléaire meurtrière".

Le Japon a précisé que l'ICBM lancé samedi a volé pendant 66 minutes avant de retomber dans sa zone économique exclusive (ZEE). En réponse, Séoul et Washington ont organisé des exercices aériens conjoints dimanche, mobilisant un bombardier stratégique et des avions de chasse furtifs.
Ce lancement a été "fermement" condamné par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, a fait savoir son porte-parole dimanche.

Le secrétaire général de l'ONU condamne

"Le Secrétaire général condamne fermement le lancement d'encore un missile balistique de portée intercontinentale par la République populaire démocratique de Corée", a déclaré Stéphane Dujarric dans un communiqué publié dimanche, en référence au nom officiel de la Corée du Nord.

Dans une déclaration publiée lundi matin, la soeur du leader nord-coréen, Kim Yo Jong, a prévenu que Pyongyang continuerait à prendre des "contre-mesures correspondantes" à toute menace perçue.
"La fréquence d'utilisation du Pacifique comme champ de tir dépend du type d'action des forces américaines", a-t-elle mis en avant dans un communiqué publié par l'agence officielle nord-coréenne KCNA.

La Corée du Nord a loué ses soldats pour avoir effectué l'"exercice de tir soudain" samedi, mais les analystes sud-coréens ont souligné que le délai de neuf heures entre l'ordre et le lancement n'était pas particulièrement rapide.

Kim Yo Jong a rejeté ces critiques comme "une tentative de sous-évaluation de l'état de préparation des forces balistiques de la RPDC".

Réaction de colère

Hong Min, de l'Institut coréen pour l'unification nationale, a estimé auprès de l'AFP que la réaction de colère s'inscrivait dans une "tendance" de la Corée du Nord à repousser toute évaluation extérieure de ses capacités en matière d'ICBM.

"La réaction forte et colérique de Kim à l'évaluation extérieure du lancement de son ICBM montre que le Nord tient vraiment à faire passer le message qu'il est capable de frapper le continent américain", a-t-il noté, ajoutant que le lancement de lundi était sa réponse "à l'exercice aérien conjoint Corée-Etats-Unis du week-end".

L'utilisation de missiles de plus courte portée indique que la Corée du Nord "vise virtuellement les bases américaines et le centre de commandement sud-coréen dans la région", selon Hong.

Exercices conjoints Séoul-Washington

Les lancements du Nord - menés malgré les lourdes sanctions internationales qui pèsent sur ses programmes d'armements - ont eu lieu juste avant le début des exercices conjoints entre Séoul et Washington prévu dans le courant de la semaine afin d'améliorer leur réaction en cas d'attaque nucléaire nord-coréenne.

La semaine dernière, Pyongyang a prévenu qu'il réagirait avec une vigueur "sans précédent" aux exercices à venir, qu'il décrit comme des préparatifs de guerre et rend responsable de la détérioration de la situation sécuritaire dans la péninsule coréenne.
Les relations entre Pyongyang et Séoul se trouvent déjà à leur niveau le plus bas depuis des années. En 2022, le Nord a qualifié d'"irréversible" son statut de puissance nucléaire et Kim Jong Un a appelé à une croissance "exponentielle" de la production d'armement, notamment d'armes nucléaires tactiques.