La cour d’appel de Papeete a rendu, jeudi 28 avril, sa décision concernant la liquidation judiciaire du quotidien La Dépêche de Tahiti, confirmant la décision prise le 12 octobre 2020 par le Tribunal mixte de commerce. Maître Ancel a été désigné comme commissaire à l’exécution de cette décision, rendue par dépôt de greffe et non publiquement. Ce matin, seul l'avocat d'un ancien salarié était présent.
Des salariés démunis
La procédure met fin à l'activité de La Dépêche de Tahiti, qui paraît depuis 1964. À sa tête, le même homme d’affaires qui dirigeait les Nouvelles de Tahiti lors de sa fermeture en 2014, Dominique Auroy. Les salariés sont en très mauvaise position : leur avenir dépend désormais d'une éventuelle reprise de l'activité. Dominique Auroy l'espère vivement « que La Dépêche qui fait partie de la Polynésie, de son histoire, continuera avec d’autres actionnaires, continuera à informer la Polynésie de façon objective et permanente. »
Ils n’ont pas voulu s’exprimer car ils attendent que la direction leur annonce officiellement la nouvelle. Mais Damien Grivois, salarié depuis 31 ans à La Dépêche, n’est pas surpris par cette décision de la cour d’appel : « on regrette le dégât social pour les salariés. Et on regrette aussi globalement l’opacité qui entoure et qui a toujours entouré ce dossier depuis le début. (...) On attend de voir qui reprendrait un titre de presse. Et en fonction de ça et bien on décidera. Y a encore beaucoup de gens qui essayent de penser qu’il reste une mince lueur d’espoir et on veut la préserver quoi. »
Ils sont près de 40 à travailler pour le journal, mais aussi pour les magazines Fenua Orama et Maison du Fenua. Alors, de l’espoir il en faut. Car les dettes de La Dépêche s’élèvent à plus de 700 millions. « La liquidation judiciaire c’est la mort d’une société. Mais pour les salariés ça signifie pas nécessairement des licenciements. Il peut y avoir un repreneur. Et les contrats de travail seront transmis à la nouvelle société qui exploitera, et qui rachètera le titre, ce qui est très probable », explique Emmanuel Mitaranga, avocat au barreau de Papeete.
La Dépêche, c'est fini...
Il n’y aura pas de pourvoi en cassation. Cela signifie que le plus vieux quotidien polynésien disparaît, après 58 ans d’existence.
Pour rappel, la société avait déjà été placée en liquidation judiciaire en octobre 2020 : ses dirigeants, lourdement endettés, étaient incapables d’honorer les échéances du plan de continuation de son activité, établi en 2019. L'entreprise doit encore 110 millions Fcfp sur cet échéancier. En mars dernier, le ministère public s'était une nouvelle fois prononcé en faveur d’une continuation d’activité, au nom du « pluralisme des médias. »