La nature ne ment jamais. Depuis des mois, l’aspect verdoyant de la végétation a pris une toute autre couleur au fenua. Elle est brunâtre, signe de sécheresse. Une situation qui dure depuis janvier. "Si on regarde des graphiques : à Hiva Oa, les cumuls de pluie sont inférieurs de moitié à ce qu'on devrait avoir habituellement, de même à Faa’a. Pour cela, on regarde des indices de sécheresse sur le sol profond, dans les 18 premiers centimètres au niveau du sol. Si c'est très sec, c'est propice aux feux de forêts", explique Sébastien Hugony, météorologue
Ces derniers mois, les soldats du feu ont dû se battre contre les flammes. Les derniers incendies importants ont détruit 400 hectares à Nuku Hiva et plus de 3 hectares sur Green Vallée à Punaauia."La période sécheresse est associée à du vent, ça prend vite de l’ampleur et ça se propage énormément. Le conseil qu’on peut donner est que s'ils font des feux de tas, c'est déjà de prévoir un moyen d’extinction à côté, un exemple tout simple : un tuyau d’arrosage prêt à l'emploi. Et de bien surveiller, de ne pas allumer un feu et de faire autre chose, d'être constamment à côté", conseille Cyril Chervy, pompier à la caserne de Punaauia.
Du côté des fleuristes et agriculteurs, l’eau ne manque pas, elle est fournie par la commune, mais l’air sec assèche la végétation. Alors, on fait avec les moyens du bord. "En ce moment, on est obligé d’arroser deux fois, il faut aussi changer la terre car sinon les plantes ne sont pas biens", observe Aime Guille, vendeuse de plantes à Punaauia. Jean Tama, vice-président de la chambre de l’agriculture et agriculteur, lui fait avec son environnement. "Dans contexte, ça se rattrape avec la chaleur qui est très chaude le matin, et vers fin d'après-midi il commence à faire frais jusqu'au lendemain matin. Je pense que ça permet de tempérer un peu le climat".
Aucun archipel n’est épargné même si la situation aux Marquises reste la plus préoccupante. Depuis 2018, la sécheresse y est de plus en plus importante. A Tahiti, la situation perdure depuis 2020. Mais, ce phénomène n’est pas local, il est bien mondiale. "On remarque dans le monde entier une recrudescence de feux de forêt, on le voit en France métropolitaine, on le voit aux États-Unis en Californie. Les scientifiques s’accordent à dire que c'est un des impact du changement climatique", précise Sébastien Hugony. Au fenua, cette sécheresse devrait durer encore jusqu’en novembre avant que l’eau ne coule de nouveau à flot.