Lauréate d'un CAPET, Heiana Sommers aimerait effectuer son stage ici plutôt qu'à Versailles

Heiana Sommers très préoccupée par sa situation. Son père également.
Comme les 8 lauréats du CAPES qui pourront finalement effectuer leur stage à Tahiti plutôt qu'en Métropole, Heiana Sommers, lauréate d'un CAPET, aimerait aussi être stagiaire ici plutôt qu'à Versailles où elle est affectée. Pour l'instant, elle est obligée de s’expatrier pour pouvoir exercer.

Oubliée du système, c’est le sentiment de Heiana Sommers. Cette lauréate du concours de professeure d’économie-gestion n’a pas eu sa place en Polynésie. Mais à Versailles, l’une des communes les plus chères de France, qui ne figurait pas dans liste de ses voeux. Impossible pour elle d’accepter ce choix.

"Financièrement, ça ne serait pas faisable. Et aussi, je ne peux pas me permettre de séparer ma fille de son papa. Nous sommes séparés, donc on partage un peu sa garde et lui il est gravement malade. Donc je ne peux pas emmener ma fille en Métropole, alors que lui, on ne sait jamais quand est-ce qu’il pourrait faire une rechute. Et aussi, je ne peux pas aussi vivre et ne pas voir ma fille pendant un an, en la laissant ici", déclare  
Heiana Sommers, lauréate du concours CAPET externe en économie gestion option COGRH (communication organisation et gestion des ressources humaines). Elle ajoute qu'elle a "aussi un emprunt. Nous on est propriétaires ici. Donc je ne me vois pas aller vivre à Versailles, louer un appartement qui va me prendre la moitié de mon salaire voire plus. Et au final il me restera vraiment pas grand chose en fait".

Demande de report 

Mais tout lauréat d’un concours doit effectuer un stage de titularisation. Heiana a fait une demande de report de ce stage. "C’est assez rarement accepté. C’est selon certaines circonstances et je sais pas si j’entre en fait dans ces critères", dit-elle, [et si ce n’est pas accepté, tu ne fais pas le stage l’année prochaine, et que là tu ne vas pas en Métropole cette année pour la rentrée, qu’est ce qui se passe ?] Je perds le concours. Je perds le bénéfice du concours en fait. [Y a pas d’autres moyens d’avoir un poste ?] Apparement non", confie la jeune femme.

Titulaire de deux licences et d’un master avec mention bien, Heiana a travaillé comme serveuse pour financer ses études. Ses parents, aux revenus modestes, ont réussi à l’envoyer dans l'Hexagone pour passer les oraux du concours. 

Le reportage de Kaline Lienard :

©polynesie



"On ne comprend pas quoi. Je sais pas. Nos enfants vont faire des études, ils arrivent à faire des études. Parce qu’on leur dit [qu'il] faut faire des études pour être bien dans le système du travail. Et là aujourd’hui, je vois que tout ce qu’on a fait… je pense que ça a été bien fait, mais il y a quelque chose qui ne va pas. C’est le système qui ne va pas", déplore Georges Sommers, le père de Heiana.

La rentrée est prévue le 26 août à Versailles, soit dans deux semaines et Heiana attend toujours une réponse des instances de l’Education.

Heiana lance une dernière requête. Elle aimerait "savoir, si toutefois mon report de stage était accepté, si je pourrais faire mon stage de titularisation l’année prochaine ici en Polynésie française ?"

Hier soir, dans notre JT, le ministre de l'Education a apporté une réponse. "Il faut attendre la réponse de l'Etat et en fonction de ça le ministre [de l'Education] local affecte...on ne va pas inventer un poste s'il n'existe pas", a-t-il précisé.

Ecoutez-le, il répond à Cybèle Plichart :