Maihea Taimana, plus jeune agrégé de Polynésie

Maihea Taimana dans sa classe du collège d'Afareaitu de Moorea.
Alors que le Pays se saisit de la question de la protection de l'emploi local, dans le secteur de l'éducation, l'océanisation des enseignants a déjà fait un bon en avant ces dernières années. De plus en plus de jeunes polynésiens réussissent les concours de l'éducation, ici ou en France. Parmi eux, quelques agrégés comme Maihea Taimana, tout jeune professeur de mathématiques au collège d'Afareaitu de Moorea.

Maihea, c’est un peu le petit nouveau du collège...A 25 ans, c’est le plus jeune agrégé polynésien, le concours enseignant le plus sélectif.

Un curriculum vitae qui n’a pas d’effet sur son apparente décontraction. Les élèves apprécient. "C'est un professeur qui nous aide beaucoup. Il nous apprend beaucoup de choses. Il nous explique bien, il nous aide, quand on lui pose des questions il nous écoute..." confie Lee-Hana Hoiore.

"J'essaie de beaucoup travailler sur les erreurs des élèves, explique Maihea Taimana. On les laisse un peu partir en 'freestyle', ils font des erreurs. On aimerait éviter ça, mais justement, on les confronte à leurs erreurs."

40 % des enseignants mis à disposition sont originaires de Polynésie

Major de promo en licence à l’université d’Outumaoro, Maihea a poursuivi ses études dans l’Hexagone où il obtient un master, puis l’agrégation en 2020.

Après deux ans de stage à Nantes, c’est le grand retour. "J'appréhendais un petit peu la venue au collège, mais finalement pour le contact avec les élèves, le fait d'être Polynésien, ça aide un petit peu," confie-t-il.

"De plus en plus, le Pays pourvoit localement, notamment en anglais et en mathématiques, les postes sont de plus en plus fermés puisqu'ils sont pourvus en nombre suffisant par des locaux," explique Annick Mescoff, principale du collège d'Afareaitu.

Effectivement, l’administration a fait appel cette année à 160 professeurs de métropole, contre 271 en 2017.

Aujourd’hui, 40 % de ces enseignants mis à disposition sont en réalité originaires de Polynésie, comme Maihea. 

Dans la salle des professeurs, il fait l’admiration de ses collègues. L’une d’entre elles l’a justement eu comme élève. "L'élève a dépassé le maître, s'amuse Fabiola Tapao, professeure de tahitien-français. A la rentrée, il m'a aperçue, je n'avais pas vite reconnu mon élève, c'est lui qui m'a bien rappelée 'madame Tapao ! Tu te rappelles pas de moi ? Je suis ton élève.' Pour moi, c'est vraiment une fierté qu'un Polynésien réussisse."

Le soutien de sa famille

Une réussite qu’il doit aussi au soutien de sa famille et de sa compagne, Poeiti. 

Suprême récompense, il peut reprendre le va’a sur le lagon de Temae. La pirogue appartenait à son père, décédé du Covid l’année dernière. "J'étais revenu pour les vacances, juste pour un mois. Et pendant ce laps de temps, il est décédé. C'était pas évident. J'avais vraiment l'impression d'être revenu enterrer mon papa. Il nous a toujours soutenu et il était derrière nous. Pour lui, c'était important les études. Il fallait aller jusqu'au bout. Comme tous les Polynésiens, on a des coups de barre, on a envie de revenir, mais lui il disait 'non, il faut faa'ito'ito, il faut tape'a jusqu'à la fin' et c'est ce que j'ai fait."

Des valeurs solides, transmises par un père aimant...le retour de Maihea sur sa terre natale sonne comme une évidence.