"Malgré la déclaration de calamité naturelle, aucune aide ne nous a été donnée" : un an après les inondations dévastatrices de Mahina, la difficile reconstruction des habitants

La famille Jamet en pleine reconstruction un an après les inondations dévastatrices de février 2024.
Le 12 février 2025, cela fait un an jour pour jour que des pluies torrentielles se sont abattues sur la côte Est de Tahiti. Les fortes précipitations avaient dévasté le quartier Tetuanui, à Mahina avec pour bilan : six foyers sinistrés. Depuis, il n'y a eu aucune aide du Pays pour la reconstruction ou la réhabilitation de leurs maisons. Les assurances n'ont rien couvert.

La maison de Vaite Jamet est située dans le quartier Tetuanui à Mahine. Elle fait partie de celles les plus touchées par les intempéries dévastatrices de février 2024. Une grosse partie de l'habitation a été abimée par les eaux ainsi qu'une partie du mur du garage. "Un an après, la détresse, le traumatisme est toujours là. Dès qu'il y a un peu de pluie, malgré le mur que nous avons édifié pour sécuriser tout le quartier. Ce préjudice posé par ces troncs qui ont dévalé la rivière..." se remémore douloureusement la dame. 

Le quartier Tetuanui - Jamet à Mahina, particulièrement touché par les inondations du 12 février dernier, fait face à une augmentation des cas de leptospirose.
A Mahina, des branchages et troncs ont obstrué les courants d'évacuation, faisant monter le niveau des inondations, le 12 février 2024.

Les assurances n'ont rien couvert

Des travaux de reconstruction ont été entamés depuis, mais sur des fonds propres. La famille Jamet est toujours dans l'attente des aides du Pays qui tardent à arriver. "On a du mal à terminer la maison. Mon fils réalise que cela fait un an qu'il n'est plus dans sa maison, qu'il travaille petit à petit, parce qu'on a aucune aide. Nos véhicules on a du les réparer nous même, ça n'a pas été couvert par les assurances. Les dégâts des eaux ne sont pas couverts par les assurances, sauf si c'est ton évier qui fuit. Malgré la déclaration de calamité naturelle, aucune aide ne nous a été donnée. Un après, qu'est-ce que vous voulez qu'on dise ? J'ai interpellé les autorités pour leur demander s'ils se souciaient de ce que devenaient les sinistrés. Cela fait un an que mon fils ne vit plus dans sa maison. Vous croyez que la douleur n'est plus là ?" insiste Vaite Jamet, désoeuvrée. 

C'est un triste anniversaire pour nous, qui restera toujours gravé dans la tête de mes mootua.

Vaite Jamet, habitante du quartier Tetuanui

Cette habitante, qui est aussi une ancienne élue de Mahina, estime qu' "on ne réfléchit pas assez au plan d'aménagement urbain. C'est fait en dépit du bon sens". 

Raymond et son frère partage cet avis. Le scénario catastrophe qu'ils ont vécu n'est pas une surprise. La rivière Vainato n'est plus adaptée pour accueillir l'écoulement des eaux pluviales. Un plan de réaménagement des espaces doit être repensé rapidement pour éviter de nouvelles inondations. "Il faut peut-être élargir. Il y a beaucoup d'autres lotissements en amont qui déversent automatiquement leurs eaux dans cette rivière. Quand on voit le pont aujourd'hui, il n'est plus approprié" juge Raymond Jamet, habitant quartier Tetuanui.

"Quand on voit le pont aujourd'hui, il n'est plus approprié" juge Raymond Jamet, habitant quartier Tetuanui.

Réfléchir à une "caisse" dédiée aux catastrophes naturelles

Du côté de la commune de Mahina, un budget de 25 à 30 millions de francs a été alloué pour aider les familles sinistrés. Des aides qui concernaient le nettoyage du site et sa réhabilitation. Pour les aides du Pays concernant le bâtit, l'idée serait d’alimenter une caisse dédié aux calamités naturelles qui permettrait "de dégager tout de suite les moyens dont ils disposent, voire même payer des prestataires. Personnellement c'est ce que j'ai fais. On s'est débrouillé tant bien que mal à payer avec nos petits deniers communaux. On a fait ce qu'il fallait faire. Mais il faudrait réfléchir dans le futur budget" avance Damas Teuira, maire de Mahina. 

Pour l'instant, les sinistrés se débrouillent avec leurs propres moyens pour se reconstruire une nouvelle vie. D'autres familles ont sont allées jusqu'à lancer des recours en justice sont en cours contre le Pays.