Mariage à Teva i uta : désapprobations et enquête en cours

Après le mariage hier, à Teva i uta où la grande majorité du gouvernement et un membre de l’Etat étaient présents, les condamnations sont nombreuses aujourd’hui. Un émoi qui en dit long sur la crise économique qui secoue le Pays et la défiance d’une partie de la population à l’égard des politiques.

Condamnations quasi-unanimes après le mariage du vice-président, jeudi 5 août, ayant rassemblé près de 300 personnes dans un restaurant de Teva i uta, dont plusieurs membres du gouvernement et un haut fonctionnaire d’Etat. Des images amateur ont été partagées sur les réseaux sociaux, y compris par la mairie de Teva i uta.

Aujourd’hui, le syndicat CSTP-FO à l’hôpital demande « aux dirigeants de respecter leurs engagements vis-à-vis de la population et de soutenir plus encore les soignants. Nous espérons qu’aucun cluster ne se déclarera suite à cette grande fête. »
 

 

« Dans un autre pays, il y aurait eu démission »
 

Au-delà de l’évènement, la députée et représentante non-inscrite Nicole Sanquer, condamne le manque d’exemplarité : 

« Ce qui s’est passé hier est un scandale. C’est inadmissible de la part de nos dirigeants. Je me pose la question : quelle crédibilité auront-ils demain devant notre population ? J’interpelle aussi mes collègues Tapura de l’Assemblée : cautionnez-vous ça ? Comment pouvez-vous retourner après à des grands discours accusateurs ? […] Dans un autre pays, il y aurait eu un soulèvement populaire pour réclamer leur démission. »

Le chanteur professionnel Rocky Gobrait se produit habituellement deux fois par semaine dans un restaurant de Papeete. Depuis la semaine dernière et l’annonce du retour des contraintes sanitaires, tout est annulé, comme ses 33 dates pour l’hommage à Elvis Presley, en août et septembre. Aujourd’hui, il réfléchit à un concert en ligne et ne cache pas son amertume :

« Ils nous ont coupé les jambes. Aujourd’hui, qu’est-ce qu’on va faire ? Je n’ai rien contre les mariages, mais respectez-nous ! Nous aussi, on a envie de jouer, envie de chanter. […] On nous a dit ‘plus de mariage, plus de fête, plus de baby shower et compagnie’… Pourquoi nous, on ne continuerait pas à travailler ? Pour ma tournée hommage, j’ai sorti 500 affiches que je vais mettre à la poubelle, j’ai avancé des billets d’avion, je devais chanter sur Bora, sur Moorea…Hey, les gars, faut qu’on se réveille ! Quand on voit ce qu’il se passe ! On ne peut pas rester comme ça, c’est inadmissible ! »

 

Les mariages autorisés…sous conditions


A la mairie de Punaauia pourtant, les équipes ne changent rien ou presque. 50 personnes maximum peuvent être accueillies dans la salle des mariages, soit la moitié de la capacité d’accueil comme dans les lieux de culte. Le port du masque y reste obligatoire.

Aucun mariage n’a été annulé. Une douzaine de mariages sont prévus pour ce mois d’août et ils sont maintenus

Jean-Pierre Ching, adjoint au maire de Punaauia.


Les services de l’Etat l’assurent : si aucune dérogation n’a été accordée hier, les mariages restent bien possibles, sous certaines conditions : 

Dans un restaurant, en respectant le protocole sanitaire du Haut-commissaire à savoir 6 par table, 1 mètre entre chaque table, port du masque lors de vos déplacements, pas de danse et autre manifestation festive, vous pouvez célébrer ce mariage dans un restaurant.

Eric Requet, secrétaire général du Haut-commissariat.

 

Aujourd’hui, le Haut-commissariat annonce que des investigations sont en cours pour savoir si des manquements aux contraintes sanitaires ont eu lieu hier à Teva i uta. Le Parquet est informé.

Contactée plusieurs fois, la Présidence n’a pas donné suite à nos demandes d’interview.