A Mataiea, tout le monde connaît le va'a. En particulier Mihinoa Paaric, qui est un pur produit de la commune. Elle fait surtoute partie de la crème des champions de la discipline depuis quelques années. Elle a remporté son premier titre de championne du monde de distance l’an dernier. Mais être la Polynésienne la plus titrée, c’est une toute autre performance.
Le va'a est avant tout une histoire de famille, toutes et tous ont déjà touché une rame de près ou de loin. Dernièrement, lors des championnats du monde de vitesse, ses nièces aussi étaient du voyage à Hawaii pour le club Mataiea va'a. Et avant elle, sa sœur a fait partie du club de Teva. Elle a toujours soutenu évidemment Mihinona. "J'ai toujours été là, c'est moi qui l'emmenait à ses courses quand je pouvais...ainsi que sa pirogue, on revenait ensemble et on faisait le point", déclare Ninavai Iorss. "Sa maman ramait déjà en tant que junior, et était déjà championne aussi, puis ensuite sa grande soeur", ajoute Matahi Iorss.
Environnement très favorable
Le va'a coule donc dans les veines de Mihinoa. Si l'environnement familial y est pour quelque chose, l'environnement géographique l'est tout autant. Dans son quartier, "dès qu'elle a un moment de libre, elle est sur l'eau", remarque Hervé, un membre de sa famille. "Le lagon devant chez elle lui permet de répéter toutes les gammes d'une course : surf, remontée des vagues, vent arrière ou de face... Elle rame dans une zone tout-terrain". Et cela paie.
Depuis 4 ans, Mihinoa est dans le top. Une performance qu'elle doit aussi à sa condition physique qu'elle entretient assidûment. C'est ainsi qu'elle a perdu 10 kg, en mettant de côté le sucre et en améliorant ses capacités cardiovasculaires. "Je n'aime pas courir, mais j'ai fait l'effort d'aller courir avec le club parce que je sais que j'ai eu besoin de beaucoup de cardio pour le championnat du monde de vitesse", reconnaît la jeune femme.
Des efforts et de la persévérance. Car Mihinoa est loin d’être née avec une cuillère en argent dans la bouche. Ses débuts, il y a 4 ans ont été difficiles financièrement. Elle a eu beaucoup de mal, surtout pour trouver du matériel. "Je lui ai prêté tout ce que j'avais, mes pirogues, mes rames parce que ça coûte assez cher le matériel, elle n'avait pas les moyens d'avoir une rame et une pirogue", regrette Hiromana Flores, fondateur du club team Tamarii Mataiea.
Et selon Hervé, c'est Hiromana Flores, rameur chevronné, qui l'a "entièrement façonnée...Lui-même a été formé par Gordon Barff". C'est dire.
La prochaine course au calendrier de Mihinoa, c’est la Hawaiki Nui solo. Par ailleurs, elle prépare aussi un diplôme en aquaculture, une autre course de fond et la preuve qu’elle garde la tête sur les épaules.