Trois tentatives d’élevage toutes soldées par un échec, dix tentatives de reproduction infructueuses... Des efforts qui n'auront pas été vains. Fin janvier, un oisillon est né et a été prélevé de son nid, qui penchait dangereusement lors d’une tempête, le 2 février dernier. Cette intervention vitale pour cet oisillon sauvage dont l’espèce est une des plus menacée au monde est une première.
"Ce fut un effort titanesque et exigeant, et le résultat d'un formidable travail d'équipe", déclare Chiara Ciardiello, biologiste à la SOP Manu. Avec l'aide de la bénévole Stella Jorgensen, elle a été chargée d'élever et de nourrir l'oisillon à la main. "Au cours des premières semaines, nous avons nourri l'oisillon toutes les 30 minutes, de 5 heures du matin à 22 heures, pour qu'il reçoive l’apport quotidien en nourriture nécessaire - soit l'équivalent de la moitié de son poids corporel".
Aujourd'hui, l'oisillon pèse près de 40 grammes, presque son poids adulte. Il est sur le point de prendre son envol. Mais il y a encore du chemin à faire. "Avec le soutien et l'expertise du Zoo d'Auckland, nous poursuivrons l'approche rigoureuse que nous avons adoptée afin de donner à ce juvénile toutes les chances de s'épanouir et, nous l'espérons, d'atteindre l'âge adulte et de contribuer à l'avenir de son espèce", explique la biologiste.
Une fois que ce jeune monarque aura pris son envol, ce nouveau venu dans la population de Fatu Iva sera transféré de sa couveuse à une volière extérieure, munie d'une moustiquaire pour le protéger des moustiques et de la malaria aviaire. "La malaria est aujourd’hui reconnue comme un risque pour l'espèce. Elle empêche la survie des jeunes individus dans la nature", précise le docteur Juan Cornejo, chargé de conservation des oiseaux au Zoo d'Auckland, partenaire du programme d'élevage.
"Avec nos collègues de la SOP Manu, nous évaluons et révisons constamment nos méthodes et nos actions. Les enjeux sont toujours particulièrement élevés lorsqu'il s'agit de minuscules poussins fraîchement éclos, mais ce récent succès avec un oisillon de cinq jours nous conforte dans l'idée que nous sommes sur la bonne voie", estime le docteur.