ONU : le Tavini déçu, la fronde des maires marquisiens et la population dubitative

Moeatai Brotherson, président du Pays, et derrière lui Oscar Temaru, président du Tavini.
Si après le discours et le départ de l'ambassadeur de France à l'ONU, les indépendantistes n'ont pas tardé à afficher leur colère, ici les maires marquisiens réaffirment dans une lettre qu'ils sont contre les ambitions du Tavini. De plus le déplacement de la délégation à l'ONU ne laisse pas les gens indifférents. Pour beaucoup, le combat doit avant tout être livré contre la vie chère, pas pour l'indépendance.

Les 41 pétitionnaires polynésiens et les autres pays du Pacifique se sont exprimés ce matin devant la 4ème Commission (chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation). Si la France était bien représentée pour la première fois, il n’y a aucun changement de position et elle continue de demander le retrait de la Polynésie de la liste des territoires non autonomes de l'ONU. Après son intervention, l'ambassadeur et représentant permanent de la France à l'ONU a quitté la commission avant d'entendre les pétitionnaires, laissant sa place à un conseiller.

La délégation indépendantiste à l'ONU.

De quoi décevoir ou mettre en colère les membres de la délégation de la Polynésie à New York, comme l'élue indépendantiste Hinamoeura Cross qui s'insurge contre l'attitude du représentant de la France, Nicolas de Rivière. "J'étais en colère parce que l'ambassadeur de France est sorti juste avant que nos pétitionnaires commencent. J'ai vraiment senti du mépris...Je demande à la France d'arrêter son mépris et de reconnaître pleinement sa responsabilité [dans le dossier du nucléaire]", clame la jeune élue indépendantiste.

"Avant que les Européens arrivent, on était un peuple, des lois, des dirigeants, et on était une nation. Mais en 3 ans; de 1839 à 1842, c'est un coup d'Etat que la France a fait. Elle nous a pris notre souveraineté et en même temps notre dignité de peuple, en nous imposant une nationalité qui n'est pas la nôtre. La seule chose que nous demandons est qu'on nous reconnaisse notre nationalité maohi", déclare François Pihaatae, président de l'Eglise protestante maohi.

De leur côté, les maires marquisiens ont adressé hier, une lettre ouverte au secrétaire général de l’ONU, au président de la République Emmanuel Macron et au président du Pays, Moetai Brotherson, à l’aube des travaux de la 4e commission à l’Onu. Une lettre où les 6 maires de l’archipel des Marquises réaffirment qu’ils ne sont pas en phase avec les ambitions politiques du Tavini Huiraatira.

Le président de la Codim, Benoît Kautai répond à Aiata Tarahu :

Une partie de la population s'interroge sur l'opportunité de siéger à New York alors que l'urgence est la situation difficile des Polynésiens.

"La vie est très chère. Il y a des dossiers plus importants que l'ONU. Ils font leur programme", dit une dame. "Si c'est eux-mêmes qui paient leur voyage, tant mieux", ajoute une jeune femme. "Ils sont partis pour la décolonisation du Pays...[et le représentant de l'Etat a dit niet !] Je pense que le président de la République a raison. On ne sait pas où on va après. On sort des courses, ça n'a pas du tout changé". "Qu'ils fassent en sorte que tous nos gosses puissent manger du taro, mais sinon tout le monde mange du poulet, et tout ça, ça vient d'où ? C'est pas d'ici, c'est importé tout ça, ça sert à rien !", affirme une femme. "Je ne suis pas [l'actualité] internationale, que locale, c'est plutôt s'occuper de nos concitoyens que d'aller à l'ONU", affirme un papy.