L'affaire a débuté en 2022 par des plaintes de fidèles issus des trois paroisses la presqu'île, celles de Taravao, de Toahotu et de Vairao, pour des soupçons de mauvaise gestion du budget. Ils ont demandé l'intervention de l'Archidiocèse de Papeete, qui a mené une enquête en interne.
Au cours de leurs investigations, d'autres pratiques déviantes ont été relevées, ce qui a mené à une première révocation du Père Ato en octobre 2022. Ce dernier a fait appel de cette décision. Mais le 27 mars dernier, à travers un bulletin officiel, le Vatican a confirmé sa sanction en le révoquant de ses charges pastorales.
Ci-dessous, la première page du bulletin officiel de l'Archidiocèse de Papeete, dévoilé aujourd'hui.
Sur la deuxième page du document, la décision finale prise à l'encontre du Père Ato le revoquant de ses offices et charges pastorales.
Contacté ce matin, le Père Christophe de la cathédrale de Papeete explique la décision de Rome et de l'Archidiocèse :
"La confirmation c’est donc qu’il y a eu une mesure qui a été prise contre ce confrère de le suspendre. Ce sont des mesures qui existent dans l’Eglise, ce n'est pas nouveau ici en Polynésie, puisque mon prédécesseur à la cathédrale, le Père Colette, a été suspendu aussi pour une période. [...]
C’était une mesure [contre le Père Ato NDLR] qui avait été prise dans le diocèse il y a quelques mois, qui a été annoncée. Et dans l’église comme dans la société civile, un prêtre a le droit de faire un recours. [...] Donc il a fait recours à Rome et Rome et bien là, a confirmé la décision de l’Archidiocèse. [...] Ce sont des mesures dans l’église qui sont des mesures médicinales. C’est-à-dire qu’une sanction qui est donnée, elle n’est jamais définitive. Elle est dans l’espoir que la personne revienne dans un meilleur sentiment. Ce qui fut par exemple le cas du Père Colette en 1875 qui, quelques années après, reprend les baptêmes, reprend sa place dans l’église.
Donc voilà donc c'est une mesure un petit peu extrême, c’est-à-dire quand on arrive plus à s’entendre et donc cette mesure a été prise. Elle est confirmée. Puisqu’elle est confirmée, il est nécessaire qu’elle soit publiée, pour que les fidèles sachent que désormais que le prêtre ne peut plus célébrer les sacrements. Et que si les fidèles assistent tout de même à leurs sacrements et bien ces sacrements ils se mettent en dehors de l’Eglise, voilà. Il est important de le publier pour que les fidèles sachent."
Mais il reste prêtre ?
À cette question, le Père Christophe répond : "Il y a d’autres mesures, qui sont la réduction, le retour à l’état laïque. Mais ça, c’est d’abord, souvent, à la demande du prêtre lui-même. Ou alors quand ce sont des fautes très très graves. Je m'explique, ici il n'y en a pas, mais des cas de pédophilies qui sont sanctionnés par la justice civile, c’est forcément un retour à l’état laïque. Là, on est dans une mesure médicinale. C’est-à-dire qu’il est "Suspence a Divinis", c’est-à-dire qu’il est suspendu de son pouvoir de ministère, de prêtre et donc des sacrements, tous les sacrements, et aussi des bénédictions au nom de l’Eglise."