"Le surf, c'était un moyen pour moi de sortir un peu du quotidien de la famille". Prisca Amaru a grandi dans une famille nombreuse de Moorea. Une éducation typiquement polynésienne. " C'était à l'ancienne où tu devais travailler et tu ne pouvais pas trop jouer. Il fallait accomplir ses tâches à la maison avant d'aller à la mer, aider les parents". Elle commence le boogie à l'âge de six ans en face de chez elle du côté d'Afareaitu avec ses cousins. "Pour nous, c'était plus facile de démarrer en bodyboard car, à Moorea, il n'y a que des vagues de récifs". À l’époque, elle est la seule fille du quartier à se lancer dans le bodyboard. "Il y avait d'autres femmes qui surfaient, mais elles étaient beaucoup plus âgées. Quand j'ai commencé, il y avait beaucoup, beaucoup de garçons autour, les cousins, les amis. Vu que j'étais la seule fille, ils étaient contents de m'avoir avec eux, ils m'ont beaucoup aidée, à me placer et à faire attention".
Prisca Amaru se met au surf beaucoup plus tard, vers l'âge de 17 ans."Quand je suis passée en surf, je suis passée directement sur la vague de Haapiti. À l’époque, je n'avais pas peur, j'étais à l'aise dans l'eau. Donc, en surfant à Haapiti, c'est là que j'ai rencontré beaucoup de monde et ces personnes sont venues me voir pour me dire de faire des compétitions pour progresser. Tu vas voir ça va t'aider. "
Free surfeuse à Tahiti
Au départ, elle n'envisage pas de faire de la compétition, mais elle se laisse convaincre. Prisca Amaru fait sa première compétition à Taapuna, une vague de récif comme elle affectionne. "Ça m'a aidé à m'ouvrir un peu plus aux gens et à comprendre un peu les manœuvres. Je conseille même ceux qui n'aiment pas la compétition, parce que ça aide vraiment pour la progression". Toutefois, elle ne se lance pas sur le circuit professionnel. "J'ai démarré directement sur une vague de récif. Il n'y a pas vraiment de vagues de plage à Moorea. Et pour pouvoir vraiment percer dans le circuit professionnel, il faut quand même savoir surfer toutes les vagues".
Quand ils m'ont vu, c'est ce qu'ils voulaient vraiment, la Tahitienne, Polynésienne avec une fleur à l'oreille
Prisca AmaruHorizon Teahupoo - Polynésie la 1ère
Sa spécialité à elle, ce sont les grosses vagues de récifs. Une marque de vêtement la repère et lui propose un contrat. "J'avais un contrat avec une marque européenne. Ils cherchaient une Tahitienne, une Polynésienne pour représenter la marque. Quand ils m'ont vu, c'est ce qu'ils voulaient vraiment, la Tahitienne, Polynésienne avec une fleur à l'oreille". Elle fait des photos avec le célèbre photographe de surf, Tim Mc Kenna. En parallèle, elle se forme au massage pour le compte d'une enseigne hôtelière de Moorea. "Pour une free surfeuse, c'était mieux d'avoir un travail à côté. Ce n’était pas un métier où tu étais payé comme celles qui sont sur le circuit. Donc, tu avais un budget à l'année qu'il fallait gérer toi-même. Et donc c'était ainsi qu'on était payé à l'époque. Je n’en vivais pas à fond puisque j'avais un travail à côté, mais ça m'a tout de même aidé à financer mes planches."
Championne de paddle race en France
En 2010, Prisca Amaru décide de changer de vie et de partir en France. Elle pose ses valises à Hossegor dans les landes. "Je connaissais beaucoup de personnes qui vivaient là-bas, donc c'était plus sain pour moi...puisque j'avais déjà des connaissances". En France, elle travaille comme masseuse, mais aussi dans la restauration."J'ai appris à me débrouiller toute seule. Il y avait mon frère qui vivait en France, mais on ne pouvait pas se voir souvent. Donc j'ai appris à me débrouiller. Je ne pouvais compter que sur moi."
En hiver, elle s'initie au snowboard. Bien sûr, elle continue de surfer l'été. Prisca Amaru commence aussi à pratiquer le stand up paddle. Elle se lance alors dans les courses de paddle race avec beaucoup de réussite. Championne de France, puis vice-championne d'Espagne, elle accumule les succès. Toutefois, vivre de ce sport reste très difficile.
Je me suis dit, je vais essayer de faire ça pour changer de sport et peut être devenir aussi professionnelle dans ce milieu-là. Mais je me suis vite rendu compte que c'était très cher et qu'il vallait mieux travailler.
Prisca AmaruHorizon Teahupo'o - Polynésie la 1ère
Monitrice de surf à Moorea
Lors de sa dernière année en France, Prisca Amaru décide de passer le brevet d'état pour devenir monitrice de surf. À son retour à Tahiti en 2014, elle décide de créer son école de surf sur son île natale de Moorea. "Au départ, je n'avais pas vraiment envisagé de monter mon école de surf à Moorea. À la base, je devais retourner en France pendant la période estivale pour faire des saisons dans les écoles de surf. Mais à mon retour, je me suis dit, je ne crois pas que j'ai envie de retourner en France".
Elle installe son école en face de chez ses parents à Afareaitu. "Je connais bien la vague, je connais bien les courants, je connaissais bien les fonds parce que je pratique la pêche sous-marine et donc je savais exactement les coins à éviter pour ne pas se mettre en difficulté". Aujourd'hui, elle est heureuse de transmettre sa passion.
Je sais que depuis que j'ai fait mon école à Moorea, les gens sont très contents, des étrangers, des touristes, de pouvoir apprendre le surf sur une des plus belles îles au monde.
Prisca AmaruHorizon Teahupo'o - Polynésie la 1ère
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