Retour sur la sortie en mer mortelle à la passe de Rohotu

C’est sur la plage de Rohotu que les pompiers de Paea sont intervenus hier, peu après 15 heures. Ils ont été appelés par un collègue en repos, qui a vu les deux kayaks chavirer. À bord, deux enfants et deux adultes, dont un homme de 76 ans, d'origine canadienne. Blessé mais en vie lors de son retour à terre, il a fait un malaise cardiorespiratoire dans le véhicule des pompiers. Il n’a pas pu être ranimé.

Nick Tino était dans le parc de Rohotu quand les kayaks ont chaviré. Il raconte ce qu'il a vu : "Hier j'étais là-bas, dans mon petit coin, je regardais devant vers la plage. J'ai vu les pompiers venir tout de suite. Ils filaient en direction de la passe. Ils sont forts, c'est incroyable. Ça va vite avec le jet ski, le gars qui le conduit, il est bon. J'ai vu les kayaks dehors, au fond, mais j'ai pas fait attention. Mais quand les pompiers sont arrivés, je me suis dit qu'est ce qui se passe ? Je me suis dit c'est eux, ils peuvent plus revenir car le courant est trop fort, c'est ça que j'ai vu."

La passe de Rohotu, un endroit dangereux

La fausse passe de Rohotu est réputée pour sa dangerosité. C’est ce que nous a confirmé Nicolas Auch, pêcheur de 36 ans, originaire de Paea. Il explique : "C'est une toute petite passe, mine de rien quand tu regardes elle n’a pas l'air dangereuse, mais faut faire attention. Il y a eu plusieurs victimes là-bas, à cause du courant. Donc les gens qui se baignent, il faut vraiment qu'ils fassent attention, même au bord, tu sens bien le courant. Je pense qu'il faut mettre plus de surveillance, si on peut mettre des gens pour surveiller, parce que je ne pense pas que les gens vont arrêter de se baigner là-bas. Même s’ils savent que c'est dangereux. Y a déjà eu des gens du coin qui ont eu des difficultés, donc ceux qui ne savent pas trop gérer, vaut mieux qu'ils n'aillent pas se baigner."

Les accidents sont d’ailleurs nombreux ici. L’an dernier une enfant de 7 ans est morte noyée après être tombée d’un paddle. En 2019, c’est un adolescent qui avait failli connaître le même sort. En kayak ou en paddle, les embarcations peuvent s’avérer plus dangereuses sur cette zone. C’est en tout cas ce que pense Moea Waller. Elle témoigne : "Je ne suis pas très étonnée parce qu’il y a quand même eu souvent des accidents ici, impliquant des touristes ou des personnes qui connaissent les lieux aussi. Donc c'est malheureux, mais ça arrive quand même régulièrement. Je pense que des panneaux plus voyants seraient les bienvenus. Après j'ai vu qu’il y avait des panneaux qui avaient été installés."

Moea poursuit : "Il me semble, c'est à vérifier, mais il me semble que ce sont des gens en paddle ou en kayak souvent. Alors certainement que quand on va nager on a des palmes et on est méfiant. Et en kayak on se dit qu'on est à l'abri, qu'il suffit de ramer, qu'on a une embarcation. Et en fait non parce que vu que c'est une passe, il y a des vagues, et donc potentiellement on peut se faire renverser. Et voilà après on se retrouve dans l'eau, du coup on n’a pas forcément des palmes, on n’a pas forcément des chaussures et donc tout se complique sur le récif."

Ce nouvel accident pose la question du site de Rohotu. S'il y a des panneaux côté parc public, aucune information sur la dangerosité du site n’est visible côté mer. Ni même sur les pages web touristiques. Et quid de la responsabilité des logeurs, car les kayakistes étaient en location saisonnière avec accès direct à la plage de Rohotu.