Rima Here, la main tendue aux personnes en situation de handicap

Ned en train de préparer les ingrédients pour un succulent chao men.
En raison d’un manque d’infrastructures, c’est en 1985 que le corps médical psychiatrique polynésien a créé l’association Rima Here. Situé à Faa’a, l’établissement d’aide du Service du travail accueille et accompagne un public majeur ayant des pathologies psychologiques ou des déficiences mentales.

Tablier autour de cou, charlotte sur la tête et mandoline dans les mains, Ned découpe finement ses carottes. Au menu ce sera du chao men : "j’ai découpé les carottes et les choux pour le repas", affirme fièrement le cuistot. Teremu, de son côté, préfère le jardinage, une activité qui l’apaise : "j’arrose les semis de tomates et de salades matin, midi et soir. Ça me permet de me sentir bien". Ses récoltes seront destinées par la suite à la vente lors des journées portes ouvertes du centre.

Comme les deux hommes, ils sont 17 000 Polynésiens à être en situation d’handicap, soit 6% de la population. La commission de la COTOREP s’occupe d’évaluer les aptitudes de chacun pour pouvoir les orienter au mieux. "Il y a une commission de préadmission où nous recevons les familles avec la personne accueillie pour voir si elle sera en capacité de vivre en communauté", explique Mareva Hourtal, présidente du centre Rima Here. 

Faciliter l’insertion professionnelle

C’est aux côtés de 18 professionnels que les 70 usagers du centre réalisent des ateliers culinaires ou artisanaux. "La bienveillance, l’écoute et la maîtrise de soi" sont les notions clés de l’association, confie la présidente. 

Teremu dans son jardin secret.


De son côté, Philippe Boder, moniteur et éducateur à Rima Here depuis 2022, ajoute qu’ "on leur donne les compétences nécessaires pour intégrer le milieu professionnel. Ce n’est pas évident car ils ont tous des pathologies différentes : schizophrène, bipolaire. Il faut vraiment se mettre à leur hauteur et prendre le temps de réexpliquer".  Grâce à des charges d’inclusion, le centre Rima Here permet à son public en difficulté psychologique de réaliser des stages en entreprises mais également de décrocher des emplois.  

Seconde famille

Pour certains, Rima Here devient une véritable famille. Après 4 ans dans ce centre, Ned affirme que "l’ambiance est vraiment superbe, c’est comme une grande famille". Mareva ajoute également que pour "la plupart des personnes accueillies, Rima Here devient un deuxième foyer". 

Aujourd’hui, Rima Here attend l’ouverture de son nouveau centre d’hébergement qui recevra 16 personnes. Francois Hermier, directeur général du groupe GCSMS Te Mana o te Ora, affirme que "la sécurité est une obligation, un budget de 50 millions a été nécessaire pour construire ce nouveau centre d’hébergement". Et cela passe par la réhabilitation des locaux puisque "le bâtiment avait déjà plus de 30 ans, on se doit de se conformer aux nouvelles règlementations".  

Le reportage de Turouru Gueirard :

©polynesie