Les autorités japonaises ont confirmé la mort de quatre personnes après le séisme de magnitude 7,5 qui a frappé la préfecture d'Ishikawa, du côté de la mer du Japon, sur l'île principale de Honshu, à 16H10 (07H10 GMT), d'après l'Institut de géophysique américain (USGS). Les chaînes de télévision ont interrompu leurs services normaux en diffusant des programmes spéciaux. Au cours de l'un d'eux, le Premier ministre, Fumio Kishida, a exhorté les habitants des zones dangereuses à "évacuer dès que possible" vers des zones plus élevées.
"Nous sommes conscients que votre maison et vos biens vous sont précieux, mais vos vies sont plus importantes que tout ! Courez vers le terrain le plus élevé possible", a déclaré aux téléspectateurs un présentateur de la chaîne de télévision NHK.
Le ministre de la défense, Minoru Kihara, a annoncé que 1 000 soldats se préparaient à se rendre dans la région, tandis que 8 500 autres se tenaient également prêts. Une vingtaine d'avions militaires ont été envoyés pour évaluer les dégâts.
De son côté, le président américain Joe Biden a fait savoir que les Etats-Unis se tenaient "prêts à fournir toute aide nécessaire au peuple japonais", rappelant que Washington et Tokyo étaient "de proches alliés".
L'agence météorologique japonaise (JMA) a comptabilisé plus de 50 séismes de magnitude égale ou supérieure à 3,2 en l'espace de quatre heures dans la péninsule de Noto, au nord du département d'Ishikawa, qui borde la mer du Japon.
Menace de tsunami "écartée"
Le séisme de magnitude 7,5 a été ressenti jusqu'à Tokyo, située à plus de 300 km à vol d'oiseau de Noto. "Je n'ai jamais connu ça auparavant, c'était effrayant. Je suis tout de suite sorti (de la maison, NDLR) mais le sol tremblait" a déclaré un homme âgé à la chaîne NHK. Une alerte au tsunami a été aussitôt déclenchée par la JMA, avertissant que des vagues de cinq mètres de haut étaient à craindre. L'agence a abaissé plus tard ce niveau maximum théorique à trois mètres.
Cependant ce scénario du pire ne s'est pas matérialisé : les plus importantes vagues de tsunami, mesurées dans le port de Wajima dans la péninsule de Noto, ont atteint 1,2 mètre de haut. La menace de tsunami est "largement écartée", estime désormais le Centre d'alerte aux tsunamis dans le Pacifique (PTWC), une agence américaine basée à Hawaï.
Les dégâts causés directement par les séismes étaient plus importants, en particulier sur des maisons anciennes, généralement bâties en bois. Le porte-parole du gouvernement Yoshimasa Hayashi a dit avoir eu connaissance de "six cas" de personnes se trouvant dans des bâtiments effondrés dans le département d'Ishikawa.
"Situation horrible"
Des images de la télévision japonaise montraient par ailleurs un important incendie dévastant plusieurs bâtiments à Wajima. Sur une vidéo postée sur le réseau social X, on pouvait voir des maisons anciennes en bois effondrées. "C'est le district Matsunami de Noto. Nous sommes dans une situation horrible. S'il vous plaît, venez nous aider. Ma ville est dans une situation horrible", implore une personne dans cette vidéo.
D'autres images de la télévision japonaise montraient des personnes évacuées attendant dehors dans le froid, certaines se couvrant d'épaisses couvertures, d'autres tenant des enfants dans les bras.
Des villes de l'Extrême-Orient russe, dont Vladivostok, ont à leur tour émis lundi une "alerte" face à un possible risque de tsunami, mais sans procéder à des évacuations à ce stade. Environ 33 500 foyers ont été privés d'électricité dans les trois départements japonais d'Ishikawa, Toyama et Niigata, tous situés au bord de la mer du Japon, selon des fournisseurs locaux d'électricité.
Etat normal des centrales nucléaires
Plusieurs autoroutes proches des épicentres ont été fermées à la circulation et le trafic des trains à grande vitesse (shinkansen) entre Tokyo et Ishikawa était également interrompu, a annoncé Japan Railways.
Situé sur la ceinture de feu du Pacifique, le Japon est l'un des pays où les séismes sont les plus fréquents au monde. L'archipel applique en conséquence des normes de construction extrêmement strictes, de sorte que les bâtiments résistent généralement à de puissants séismes, et les habitants sont rompus à ce genre de situations auxquelles ils se préparent régulièrement.
Mais le Japon est hanté par le souvenir du terrible séisme de magnitude 9,0 suivi d'un tsunami géant en mars 2011 sur les côtes nord-est du pays, une catastrophe qui a fait quelque 20 000 morts et disparus.
Ce désastre avait aussi entraîné l'accident nucléaire de Fukushima, le pire depuis celui de Tchernobyl en 1986.
"Aucune anomalie" n'a été détectée pour l'heure dans les centrales nucléaires les plus proches des séismes survenus lundi, y compris dans celle de Shika précisément située dans le département d'Ishikawa, selon l'autorité japonaise de sûreté nucléaire (NRA).