À 8h45, une soixantaine de navires de pêche, comprenant seize thoniers et une cinquantaine de poti marara, ont pris place dans la rade de Papeete. Dans une atmosphère calme, les bateaux ont effectué un tour symbolique avant de se positionner à l'intérieur de la rade. Cette manifestation, menée par les marins-pêcheurs, s’est voulue pacifique et sans blocage, afin d'exprimer leur mécontentement face aux réformes en cours concernant leur statut professionnel. "On a réussi une forte mobilisation" se satisfait, Richard Pere, pêcheur professionnel. "La modification du statut du marin pêcheur, c'est non ! Et c'est tout le métier de la pêche que l'on doit défendre. Nous soutenons que nous ne devons pas être affiliés à la CPS, par exemple, car nous n'avons pas un métier de terrien".
Les manifestants ont veillé à ne pas perturber le trafic maritime, notamment les navettes reliant Tahiti à Moorea, permettant ainsi la continuité des services essentiels. Leur action vise à sensibiliser le gouvernement à l'importance de préserver les spécificités de leur statut, un enjeu crucial pour la survie de la pêche traditionnelle et l'économie locale. Les marins-pêcheurs espèrent que cette démonstration de force, sans violence ni perturbation, saura attirer l’attention des autorités et encourager un dialogue constructif.
La réforme du statut des marins pêcheurs proposée par le Gouvernement ne convient pas aux professionnels du secteur. Pour eux, adopter ce texte proposé par le ministre Taivini Teai, "mettrait en péril toute la chaîne de production, et menacerait entre 1500 et 2000 emplois" selon les syndicats.
Pêcheurs hauturiers et côtiers ont les mêmes objectifs et se placent sur la même ligne de combat : pour eux, il s’agit de la survie de leur activité. "On a quand même accepté de partager nos camps d'exploitation par rapport à ça pour démontrer qu'on ne peut pas se le permettre, tout simplement, rappelle Yann Ching, président association des armateurs de pêche hauturière de Polynésie Française. Malgré cela, le gouvernement a fait le choix de continuer avec cette réforme, basée sur les cotisations au régime du droit commun".
"Nous au niveau de la pêche côtière on va être impactés. Même si on n'en a pas, on va nous imposer un matelot", ajoute Ralph Van-Cam, président de l'association des pêcheurs côtiers. "Ce n'est peut-être pas le cas pour les jeunes qui se lancent, mais ça l'est pour nous qui avons plus de 58 ans pour la plupart".
Dans les agendas respectifs, le ministre de l'agriculture et des ressources marines Taivini Teai rencontre les représentants des marins pêcheurs ce jeudi à 17 heures: "Ce statut du marin pêcheur est là pour assurer la couverture sociale mais aussi une retraite plus importante", argumente-t-il.
Les salariés des trois plus importantes sociétés de pêche hauturière ont déposé un préavis de grève illimité qui a commencé ce mercredi 9 octobre.