25%, c’est le taux de production alimentaire au fenua par an. Ce chiffre démontre bien que le secteur primaire a été très longtemps le parent pauvre du développement de la Polynésie. Un secteur primaire rétrogradé par les gouvernements successifs en lui attribuant une position mineure.
Mais la crise sanitaire est passée par là, elle a mis en exergue la vulnérabilité de notre consommation presque entièrement dépendante de l’extérieur. Elle a permis également de prendre conscience des modèles agricoles diversifiés et autonomes.
Aux Australes, la quasi-totalité des 700 tonnes de carottes produites dans cet archipel sont essentiellement exportées vers Tahiti.
Des exportations insuffisantes pour les maires des Australes qui viennent de participer au congrès des communes. Ils souhaitent que d’autres productions suivent le même chemin : les pommes de terre, le café, taro…
Narii Tuanainai, le maire de Rapa, aimerait en fait que son archipel exporte davantage de produits de la terre. "Il manque une exploitation de nos produits à plus grande échelle. Comme la mise en place de la transformation, et la commercialisation vers l'extérieur", dit-il.
Le reportage de Teupoo Fatupua Avae :
Même son de cloche pour le maire de Tahuata, Félix Barsinas. Les Marquises sont déjà indépendantes en matière alimentaire mais elles aussi souhaitent miser encore plus sur l’exportation. Et ce n’est pas tout : "comment faire en sorte que la viande de chèvre soit commercialisée et que les enfants puissent en bénéficier au niveau de la restauration scolaire ?", se demande Félix Barsinas.
Si les Tuamotu ont suffisamment de poisson, c’est loin d’être le cas pour les fruits et légumes. La chambre de l’agriculture y travaille avec l’un des maires, celui de Rangiroa. Pour Tahuhu Maraeura, "en légumes, on sait bien que les terres des Tuamotu ne sont pas assez riches, donc on travaille avec la CAPL, comment faire de l'engrais à partir du poisson, et pour nourrir nos légumes".
A Tahiti, c’est 100% de production de légumes, mais pour le maire Taravao Anthony Jamet, il faut d’abord commencer à se réapproprier nos produits. Cela passe surtout par nos enfants. "Le socle, ce sont nos enfants, c'est tellement plus facile de cuisiner avec du poulet acheté au magasin. D'où l'intérêt de poussrer nos enfants à consommer local. Dans toutes écoles, on a réintroduit des repas polynésiens", remarque ce maire de la presqu'île.
Pour le président de la chambre de l’agriculture, Thomas Moutame, il faut développer la transformation dans nos archipels, primordiale selon lui pour garantir une viabilité de nos produits vivriers périssables. "Cette année ou l'an prochain, nous pourrons transformer nos produits. Exemple : celui qui produit 5 à 10 tonnes de patate douce, non consommable en totalité immédiatement, le reste doit être transformé", souligne Thomas Moutame.
Le gouvernement Fritch avait mis en place un schéma directeur agriculture 2021/ 2030 qui tendait vers cette autosuffisance avec 96 milliards cfp sur 10 ans.