Toussaint : petites économies et grande inflation

Couronnes de fleurs au marché de Faa'a.
La Toussaint ne rapporte pas tant que ça aux commerçants. Chaque année, les familles achètent du sable, des fleurs et de la peinture. Ils paient parfois même des particuliers pour entretenir leurs tombes. Pourtant, avec l'augmentation des charges, ce n'est pas le jackpot pour ceux qui en vivent

L’embellissement des tombes, un véritable sacerdoce pour les familles polynésiennes. Et ce, malgré le coût que cela entraîne. "Faut acheter le sable, faut acheter les fleurs...résume Teva, qui entretient le caveau familial. C'est une fois par an. On met 40 000 Fcp."

Sable blanc

Le sable blanc de Taha'a pour les défunts se négocie à 1 500 Fcfp l’unité à Tahiti.

Cette année, c’est 2 500 sacs en moins pour Christine A-Tchoun et sa famille. 35 ans maintenant qu’ils vivent de ce commerce. "D'habitude, c'est 4 000 à 5 000 sacs. Aujourd'hui, le bateau exige que l'on mette en big bags. Alors, cette année, je n'ai eu que 56 big bags, soit un peu plus de 2 000 sacs."

Christine et les siens entretiennent plusieurs tombes durant l’année. Cela permet à leur société de subsister. La Toussaint représente seulement 3 semaines de vente. "Ce n'est pas régulier, c'est juste une fois dans l'année, explique Nelly A-Tchoun, comptable de la société familiale. On commence les nettoyages à partir de septembre. Octobre, on fait les ventes. Et après le 1er novembre, les affaires reprennent à la normale. On ne tient plus de vente de sable."

Fleurs

A la fête des morts, anthuriums et orchidées sont les reines. 30 ans de métier pour Elvina et des charges qui ne cessent d’augmenter. Résultat : moins de fleurs dans le bouquet. "Il n'y a pas que les fleurs, précise-t-elle. Nous devons même acheter les feuillages. Les plateaux, les barquettes, les éponges, les cellophanes...tout ça, on achète. Ils ont tout augmenté par rapport aux prix avant le Covid."

Pour faire des économies, Belinda compose elle-même ses bouquets. Pas question d’utiliser des fleurs artificielles. "C'est vrai qu'aujourd'hui, tout est cher. Mais les belles fleurs de Tahiti, c'est la beauté."

A la Toussaint, certaines sépultures sont de véritables œuvres d’art. Dès la tombée de la nuit, elles sont éclairées par des milliers bougies…Une affaire qui peut presque rapporter, autant que le sable et les fleurs.