Le procès de Fano se tient devant la cour d'assises (compétente pour juger les crimes les plus graves) depuis le 17 mai 2022.
"Cela fait bizarre de tuer quelqu'un" explique Fano, gêné et probablement impressionné par la cour d'Assises. L'accusé, de taille moyenne, gigote dans le box des accusés et a du mal à s'exprimer. En tahitien ou en Français, il n'est pas toujours aisé de le comprendre. Cette fameuse nuit du 5 au 6 février 2019, s'il n'a pas pu retenir ses coups, c'est parce qu'il pensait que Maria avait embrassé un autre homme. "Faut pas me prendre pour un con", dit-il.
Prise en charge médicalement 36 heures après les faits, la victime souffrait d'un traumatisme crânien sévère et d'un œdème cérébral. Une dent a également été trouvée dans son œsophage. Parmi les témoins, la nièce de Maria raconte qu'elle lui avait confié être amoureuse de son compagnon, rencontré au début du mois de décembre 2018. Mais le visage de Julie s'assombrit quand elle repense à toutes les fois où elle est revenue au domicile familial avec un bleu à l'œil ou à la clavicule, ou encore avec la mâchoire douloureuse. Julie ressent aujourd'hui de la colère, se reprochant de ne pas en avoir fait plus.
Quand Fano explique que c'est le paka et l'alcool qui le rendent violent, Julie estime que c'est une excuse "à deux balles". Elle sanglote à la barre de la cour d'assises, en pensant à la victime qu'elle ne reverra plus et déclare : "ce n'est pas comme si je pouvais aller chercher une tante à Carrefour."
L'accusé et la victime étaient deux SDF. "Nous sommes dans une misère extrême tant du côté de l'accusé que du côté de la victime, dont personne ne s'occupait, que personne ne regardait. Il n'y a qu'à voir les conditions dans lesquelles cette femme a ensuite été prise en charge, sans que la DSP ne soit prévenue avant sept jours. on comprend effectivement qu'ils étaient complètement oubliés, mis à l'écart de la société, avec l'alcool et la paka en plus, conduisant à ce drame tragique."
Le médecin légiste et un expert psychologue doivent être entendus le 18 mai. Le verdict est attendu aujourd'hui. L'accusé encourt 30 ans de prison. À Papeete, 35 % des sans domicile fixe présentent un trouble psychologique.
L’avocat général de la cour a requis 20 ans de prison avec une période de sûreté sur les deux tiers. Il a également demandé un suivi socio-judiciaire pendant 7 ans et une obligation de soins.