En 2023, 71 751 salariés ont été déclarés auprès de la Caisse de prévoyance sociale (CPS) pour 8 273 entreprises. Pourtant, chaque jour, 7 salariés ont été victimes d’un sinistre. En effet, environ 2 679 sinistres, dont 2 171 accidents de travail, ont été reconnus, et un peu plus de 83% d’entre eux ont donné lieu à un arrêt de travail.
Face à ces chiffres, l’amélioration des conditions de travail, le suivi médico-professionnel régulier permettant la détection précoce des problèmes de santé, et l’accès aux soins apparaissent comme de véritables solutions pour réduire les absences liées à la santé. Cela constitue un enjeu de santé publique et de protection sociale.
Ces dernières années, bien que la politique en matière de santé au travail ait consisté à développer la prévention des risques professionnels dans les entreprises et favoriser la coordination entre les différents acteurs concernés, 15 000 salariés ne bénéficient toujours pas de suivi médical du travail.
Plusieurs options d’évolution de l’organisation de la santé au travail ont émergé des échanges avec les partenaires sociaux et les principaux acteurs du secteur. Il s’agira :
- Du maintien du système actuel avec deux services indépendants sous gouvernance patronale ;
- Du regroupement en un seul service sous gouvernance patronale ;
- Du regroupement en un seul service avec évolution vers une gouvernance paritaire ;
- Du regroupement en un seul service et une synergie de moyens avec la CPS ;
- De la mise en place d’un seul service géré par les pouvoirs publics.
En attendant le résultat des travaux d’étude relatifs à ces options, la Direction du Travail, sous la tutelle du ministère de la Fonction publique, de l’Emploi, du Travail, de la Modernisation, de l’Administration, du Développement des archipels et de la Formation professionnelle, lancera, au dernier trimestre 2024, la première enquête à grande échelle consacrée à la santé et à la sécurité au travail.
Cette enquête constitue une première historique pour la Polynésie dans le domaine de la santé au travail. Elle a pour objectif premier de préserver la santé des travailleurs et de renforcer la résilience des entreprises locales. Elle permettra également d’améliorer la cohérence et l’efficacité des actions en santé et sécurité au travail tout en permettant au Pays d’orienter et de prioriser ses actions, en particulier dans le domaine de la prévention des risques professionnels.
Récolter des données et mettre en place des actions
Pour ce faire, les données en santé au travail seront fiabilisées et harmonisées afin d’établir un état des lieux des principales problématiques médico-professionnelles en Polynésie.
La Direction du Travail s’attellera également à établir des indicateurs prospectifs afin d’anticiper les évolutions de la sinistralité au cours des prochaines décennies. Ces indicateurs mesureront la maturité des entreprises en matière de prévention des risques professionnels. Ils tiendront compte du taux de mise à jour des documents d’évaluation des risques, du nombre d’actions de prévention mises en œuvre et de la présence d’équipements de protection collectifs.
Ainsi, ces nouvelles données permettront d’informer les pouvoirs publics sur les évolutions en matière de sinistres en santé au travail, ainsi que sur leur impact financier. Ces travaux constitueront un préalable indispensable à la mise en œuvre d’une politique de santé au travail efficace, partagée et coordonnée entre les différents acteurs de la prévention en Polynésie.
La restitution des premiers résultats est prévue pour le premier semestre de l’année 2025.