Plusieurs de ses documentaires et son film E Arioi Vahine, ont été projetés lors de précédentes éditions du festival. Elle est curieuse de la grille de notation mais avoue qu’elle laissera parler son cœur.
Quand elle était petite, il était difficile de la décoller de l’écran. Elle était passionnée par la télévision et tout ce qu’elle y voyait.
Elle regardait aussi tous les Disney que sa famille lui offrait en cassettes VHS et se souvient même avoir vu le film d’horreur Poltergeist alors qu’elle n’a pas 10 ans.
Viriginie Tetoofa rigole quand elle repense à la question posée sur un document pour le collège : « Il fallait donner le nombre d’heures que l’on passait devant la télé par jour, j’explosais tout ! »
Depuis toute petite, elle se passionne pour l’audiovisuel et se voit bien réalisatrice. Elle fait un bac S, alors qu’elle déteste les maths, tout simplement pour pouvoir suivre la filière « optique » car elle sait qu’avec cette option, elle peut intégrer des écoles de cinéma.
Pour rassurer sa mère qui n’est pas trop d’accord avec les idées de carrière de sa fille, elle obtient une licence de communication à l’Isepp. Et elle tente en parallèle de rentrer dans la prestigieuse Victorian College of the Arts de Melbourne.
Première tentative : ratée. Deuxième tentative : ce sera la bonne. Virginie fait partie des 14 admis sur les 500 candidats. « Ma bourse avait été mise en stand-by pendant un an et si je ratais ce deuxième concours, je la perdais. Mais avec de l’acharnement, du culot, en étant un peu têtue et en travaillant beaucoup, on peut y arriver. »
Son film de fin d’étude, E Arioi Vahine, est projeté au Fifo : « Un chapiteau avait été installé avec deux grands écrans. Mon équipe, mes amis et moi-même pensions que personne n’allait venir mais finalement le chapiteau était plein ! »
Et puis, il est sélectionné à Palm Springs et à Montréal, il obtient le prix du meilleur montage au Flickerfest de Sydney. « La pression est montée car j’ai vu que ça pouvait plaire à l’étranger. »
Une fois diplômée, elle travaille et voyage en Europe pendant cinq ans avant de rentrer à Tahiti.
De retour au fenua, elle travaille pour plusieurs groupes de musique dont Pepena pour lequel elle réalise le clip Faafaite by Pepena, qui compte plus de 600 000 vues sur youtube, et réalise la série Pari Pari Fenua diffusée sur Polynésie La 1ère.
En 2018, elle monte la société de production Ahi Company avec deux associés, Maruia Richmond et Teiva Dion.
Elle participe également à la réalisation de documentaires pour la télévision dont un sera sélectionné parmi les films en compétition du Fifo 2020 : Rurutu, terre de ‘Umuai.
Quand on lui a demandé de faire partie du jury du Fifo 2022, Viriginie Tetoofa a d’abord été surprise. Elle pensait ne pas être assez aguerrie, ne pas avoir réalisé encore assez de choses, pour juger ses pairs.
Mais sa carrière est déjà bien remplie et son expérience lui permet évidemment d’occuper une telle place. Rapidement rassurée, elle a alors accepté, curieuse d’apprendre les critères de notation et de participer aux débats du jury.
« Je pense remplir ma grille de notation avec ma tête mais c’est le cœur qui aura le dernier mot ! »
Pour juger les réalisateurs de documentaires, être une professionnelle de l’audiovisuel a ses avantages et ses inconvénients, explique-t-elle :
L’avantage est qu’on se rend compte du travail, aussi bien en énergie, en temps, que financièrement. L’inconvénient est qu’on est moins indulgent qu’un spectateur lambda et qu’on voit tout de suite les défauts techniques au lieu parfois de se laisser emporter par l’histoire. Il ne faudra pas se laisser arrêter par cette barrière.
Le Fifo est un rendez-vous professionnel important pour Virginie Tetoofa qui ne rate généralement jamais trois événements : la rencontre avec les diffuseurs, la journée du pitch et la nuit de la fiction.
Le festival est, pour elle, un lieu de travail, l’occasion de vendre des documentaires, et aussi de trouver de nouveaux auteurs, de nouvelles idées.
Elle avoue manquer de temps pour profiter de la diffusion des films mais se souvient encore d’un documentaire qui l’a beaucoup marqué : Pouvanaa, l’élu du peuple de Marie-Hélène Villierme.
« J’étais triste de ne pas avoir connu le personnage plus tôt, triste de son exil, triste d’une histoire cachée… C’est un film historique qui parle de nous et qui a remis les pendules à l’heure. »
La culture et l’histoire polynésienne restent d’ailleurs un ancrage pour ses productions documentaires et de fiction.
Aujourd’hui, sa société Ahi Company a plusieurs projets en cours, notamment une coproduction avec une société portugaise sur l’histoire de Victor Segalen et l’adaptation de l’idée du film E Arioi Vahine en série qu’elle espère tourner en 2024.
« Dans ce métier, j’aime la nouveauté, le renouveau, le changement ! explique-t-elle avec un grand sourire. Ce n’est jamais pareil ! Que ce soit en documentaire ou en fiction, il ne se passe jamais la même chose. »