Ils sont finalement 10 à comparaître devant le juge. Tamatoa Alfonsi, fournisseur présumé aux États-Unis, a été disjoint du dossier. L’affaire porte sur l’importation d’1,4 kg d’ice en 2017. Les prévenus, âgés entre 59 et 24 ans, sont pour la plupart en état de récidive.
Polynésie la 1ère, Lucile Guichet •
Au cœur de l’affaire, Frédéric Ellis, le doyen de la bande. À sa sortie de prison en 2015, il veut se refaire. Poussé d’abord par un ancien codétenu, Jud Zimmerman, il aurait ainsi effectué huit voyages aux États-Unis pour plusieurs commanditaires polynésiens, dont Poutoru Amaru, Eremoana Tamuera et Franckie Tumahai, également prévenus dans cette affaire.
Le transport de la drogue, conditionnée en petits ballots de 10g et dissimulée in corpore, lui aurait ainsi rapporté 13 millions de Fcfp au total. Avec cette somme, il achète notamment deux véhicules.
Arrêté en juin 2017 à son retour des États-Unis, les enquêteurs retrouvent sur lui plusieurs petits carnets dans lesquels il a tout consigné. À la page « Business », les noms des commanditaires, des contacts et leurs numéros de téléphone.
Pendant l’enquête, il dénonce ses fournisseurs aux États-Unis : Tamatoa Alfonsi, dit « Sana », puis un autre, rencontré à Venice Beach et surnommé « Siki ». Entendu à la barre aujourd’hui, il confirme intégralement les faits, sauf pour Tamatoa Alfonsi qu’il dit ne pas reconnaître. Un changement de version qui agace le juge : « Soit vous êtes un menteur et vous avez envoyé un innocent en prison, soit son arrivée récente en détention avec vous vous a fait peur. »
Puis, interdit de sortie de territoire pour une autre affaire, il envoie son cousin et associé présumé, Eremoana Tamuera, faire le chauffeur pour Frédéric Ellis à Los Angeles. Lui importera 1 kg d’ice en Polynésie, mais il n’a lui-même jamais transporté de drogue.
Le dernier prévenu, commanditaire présumé, Jud Zimmerman, de nationalité américaine, est absent. Malgré son contrôle judiciaire, il a quitté le territoire avant d’envoyer une lettre au juge d’instruction précisant qu’il rentrait « aux États-Unis s’occuper de sa famille. »
Parmi les « investisseurs », Seguel Manutahi dit "Neveu" et Franckie Tumahai. Le premier, déjà condamné pour des faits similaires, conteste intégralement les faits et se dit victime de fausses accusations. Le second, déjà condamné également, est soupçonné d’avoir organisé avec Tamatoa Alfonsi, un des voyages de Frédéric Ellis.
Wylfrid Hauata est poursuivi pour avoir encaissé les espèces de Poutoru Amaru sur son compte personnel et payé, avec ses propres moyens de paiements, les billets d’avion des mules. Pendant l’instruction, il a reconnu avoir aidé des trafiquants de drogue en achetant des billets d’avion. Aujourd’hui, il affirme qu’il « ne savait pas ».
Et puis, il y a les autres mules : une amie, puis la mère d’un des prévenus, un gros consommateur. « Je ne savais pas que ma mère faisait la mule. Je pensais qu’elle allait en balade », déclare le fils à la barre, poursuivi pour avoir effectué des « achats groupés » pour plusieurs de ses amis auprès, dit-il, de Poutoru Amaru et Seguel Manutahi.
Sana, Siki, jus de fruit ; les prévenus de l’affaire Ellis
Les débats doivent durer jusqu’à jeudi.
Tamatoa Alfonsi comparaîtra, lui, le 19 février prochain.