La cour des comptes invite la région Réunion à revoir sa politique touristique

Dans son rapport la chambre régionale des comptes de La Réunion n’est pas tendre avec la politique touristique de La Région. Pas de plan stratégique, une dispersion dans les actions et dans l’utilisation des fonds.
Le rapport de la Cour des comptes concernant le développement du tourisme dans les départements et les collectivités territoriales d’outre-mer est saignant.
La région Réunion est l’une des collectivités territoriales les plus critiquée par les magistrats spécialisés dans les analyses financières. Certes la crise du chikungunya en 2006, puis la crise requin, ont plombé l’image de l’île à l’extérieur, mais ces deux épisodes dramatiques n’expliquent pas des choix promotionnels et des dépenses contestables.
Pour les spécialistes de la Chambre : « Promouvoir une destination à l’étranger nécessite de travailler le marché visé dans la durée avec des moyens différenciés selon l’importance que revêt le marché concerné ». Ils reprochent à l’IRT (île de La Réunion tourisme) de se disperser en changeant de cible tous les ans, une stratégie coûteuse et peu rentable.
 
Des investissements coûteux
 
Les magistrats relèvent également les dépenses somptuaires. Notamment, les 12 et 13 septembre 2006 pour participer à une présentation de l’île de La Réunion sur le parvis de Notre-Dame de Paris. Deux jours de promotion sans aucune évaluation, ni analyse des retombées pour une action très chère.
Dans le même ordre d’idée en 2010 et 2011, La Réunion a participé à  la « Ronde des Régions ». Un investissement sans aucune lisibilité, en retour, malgré des milliers d’Euros versés aux organisateurs de cet événement.
La Chambre s’interroge, donc, sur la stratégie des « Iles vanilles ». Le concept du « package » ne fonctionne pas encore et aura du mal à se mettre en place sans une révision globale de la délivrance des visas pour venir à La Réunion. Dans la zone, seuls les Sud-Africains bénéficient d’une exemption de visa. La demande concernant l’Inde et la Chine a été refusée par le gouvernement : « En raison des risques migratoires ».   
 
Des billets trop chers pendant les vacances
 
Logiquement, les spécialistes des comptes s’interrogent sur les liaisons par avions inter-îles. Ils notent immédiatement que le coût du billet entre La Réunion et Maurice est dissuasif (300 € aller-retour en moyenne par passager). Ils soulignent que La Réunion pourrait disposer d’une plateforme aéroportuaire (hub) pour développer les services aéronautiques, mais ce projet est déjà sur les bureaux des dirigeants de l’île sœur qui comptent sur le faible coût de leur main d’œuvre pour décrocher le marché.
Autres freins pour l’outre-mer qui ont été pointés du doigt par la cour des comptes. Un touriste européen souhaitant se rendre dans une île française doit s’envoler de Paris. De plus, le prix de son billet va doubler, s’il prend ses vacances pendant les périodes scolaires : « Les prix peuvent atteindre des niveaux dissuasifs lors de ces dates pour les touristes d’agrément » concluent les magistrats sur ce chapitre.
 
Halte à la défiscalisation
 
Déficit d’accueil des touristes, absence de vie nocturne dans beaucoup de communes et difficultés à avoir des interlocuteurs capables de parler anglais sont quelques uns des reproches relevés par les rapporteurs.
Des actions ciblées peuvent permettre de corriger cet état de fait. En revanche, la chambre régionale des compte demande de mettre fin à la défiscalisation « Girardin ».
« À La Réunion, la région s’était fixé pour objectif de parvenir à créer 1 000 chambres classées entre 2006 et fin 2013 ». En 2014, 117 chambres sont sorties de terre malgré le soutien du FEDER244 et une enveloppe de 4 millions d’Euros de La région. Quid des projets qui n’ont toujours pas démarré et des friches hôtelières qui tombent en ruine.
Une réflexion globale doit être lancée par les acteurs de ce secteur pour simplifier l’accueil des investisseurs l’accès aux aides et mettre un terme aux hôtels : « déconnectés des besoins réels du territoire souvent construits pour la défiscalisation ».
En conclusion de leur recommandation pour l’Etat, ils notent : « Supprimer les défiscalisations Girardin en faveur des investissements productifs et les remplacer par d’autres modes d’intervention, moins coûteux pour le budget de l’État et plus efficaces ».
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