Le taux de suicide s'accroît avec le chômage, selon l'Inserm

Le filet anti suicide posé sur le pont de l'Entre-deux
Près de 600 suicides pourraient être attribués à la hausse du chômage observée en France entre 2008 et 2010, selon une étude de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale.
Le taux de décès par suicide augmente avec le taux de chômage, et près de 600 suicides pourraient être attribués à la hausse du non-emploi en France entre 2008 et 2010, selon une étude de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) publiée mardi 6 janvier.

"Entre 2000 et 2010 en France, le taux de chômage est significativement et positivement associé au taux de suicide", estiment les chercheurs de l'Inserm qui signent cette étude publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l'Institut de veille sanitaire (InVS).

Les hommes de 25 à 49 sont les plus concernés

Lorsque le taux de chômage augmente de 10%, le taux de suicide (nombre de décès par suicide rapporté à la population) progresse en moyenne de 1,5% pour l'ensemble de la population de plus de 15 ans. L'association entre chômage et suicide apparaît plus marquée pour les hommes de 25 à 49 ans : l'augmentation de 10% du taux de chômage s'accompagne d'une hausse de 1,8% à 2,6% du taux de suicide.

Mais les chercheurs soulignent le caractère statistique et "observationnel" de leur étude : "aucun lien" de cause à effet entre chômage et suicide au niveau des individus "ne peut être déduit à partir de ces résultats". La causalité du chômage sur le suicide reste en effet "débattue" car plusieurs "facteurs de confusion"peuvent entrer en jeu. Par exemple, des troubles psychiatriques chez une personne peuvent se traduire à la fois par un risque accru de chômage et de suicide, expliquent les chercheurs.

En France, un des taux de suicide les plus élevés d'Europe

Si on retient l'hypothèse qu'il existe bien un lien de cause à effet entre chômage et suicide alors, selon l'étude, "le nombre de suicides attribuables en France à la hausse du chômage entre 2008 et 2010" peut être "estimé à 584" (par rapport au nombre de suicides si le chômage était resté stable au niveau de fin 2007).

D'après l'Observatoire national du suicide, la France possède un des taux les plus élevés d'Europe, avec un décès sur 50 attribué à un suicide. En 2011, 11 400 morts par suicide ont été enregistrées en France métropolitaine, selon un rapport publié en novembre par l'Observatoire, un organisme lié au ministère de la Santé. Comme dans les autres pays, on compte trois fois plus de décès par suicide chez les hommes que chez les femmes : en moyenne 27,7 décès pour 100 000 habitants chez les hommes, et 8,1 chez les femmes.