47 anciens enfants dits de la Creuse sont à La Réunion depuis le 7 avril dernier. Ils ont un programme chargé durant leur séjour dans l'île. Hier, mardi 18 avril, ils ont visité l'exposition de Téhem, consacrée à sa bande dessiné "Piment zoizo". Elle retrace l'histoire des enfants de la Creuse.
(Re)découvrir leur île
Entre 1962 et 1984, près de 2 000 mineurs de La Réunion ont été séparés de leur famille et envoyés en métropole. Un exil forcé, organisé par les autorités pour repeupler les départements métropolitains victimes de l’exode rural, comme la Creuse ou le Gers.
Parmi les 47 ex-mineurs de la Creuse, en visite à La Réunion, certains n'étaient jamais revenus dans leur île natale. Depuis le 7 avril dernier, ils ont visité les cirques, le volcan et ont été à plage.
Mais leur séjour est aussi rythmé par des interventions dans des collèges et lycées pour qu'ils racontent leurs histoires. Ils ont aussi assisté à "Nos Racines", une pièce de théâtre du collectif V.1.
Une visite d'exposition commentée par l'auteur
Hier, mardi 18 avril, à Saint-Denis, ils ont assisté à une pièce de théâtre et ont eu droit à une visite guidée de Téhem, sur son exposition "Piment Zoizo" à la Cité des Arts. Une visite avec quelques surprises.
Ils ne s'étaient jamais rencontrés et pourtant, sans le savoir, Téhem a dessiné le visage de Guito dans sa Bande Dessinée. Il avait 6 ans lorsqu'on l'a emmené en Creuse. "C'est vraiment moi quand j'étais petit, c'est fou ça me fait plaisir" s'étonne Guito devant les vignettes de "Piment Zoizo".
(Ré)écoutez le reportage de Réunion La 1ère :
Hormis cette ressemblance, ils estiment que le dessinateur a aussi su restituer l'histoire de ces enfants déracinés. Leur propre histoire.
Jamais n'aurais pensé qu'il y ait un jour une BD qui parle de notre histoire. Cette histoire ressemble beaucoup à notre histoire, sauf que pour nous, nos parents étaient décédés.
explique une déracinée
Jean Charles a été enlevé de son île natale à 13 ans. Il a quelques précisions à apporter.
Dans le registre je vois qu'il y a des noms mais il y avait aussi des numéros aussi On avait tous des matricules. Moi je portais le numéro 267.
Jean Charles
Leur exposer ses vignettes et son travail était un moment important et précieux pour Téhem.
Ce que je trouve génial c'est de rencontrer les gens dont on parle. Pendant l'écriture, pendant un an et demi, j'étais vous.
Téhem, auteur de "Piment Zoizo"
La bande dessinée a eu un effet thérapeutique sur certains d'entre-eux. Grâce à de nombreuses phrases en créole, elle a aussi aidé Tamara à se réconcilier avec son passé sa langue maternelle.
Le piment zoizo, c'est le symbole d'un souvenir tenace. Pour eux, il n'est pas seulement gustatif.