L’Etat, la police, la gendarmerie, la douane et la justice sont mobilisés à La Réunion pour intensifier la lutte contre les stupéfiants. Réunis à l'aéroport de Gillot, jeudi 25 juillet, tous tirent la sonnette d’alarme suite à la multiplication de saisies de drogues ces derniers mois sur le territoire.
Du zamal à la cocaïne
"J’ai envie de dire aux Réunionnais "réveillez-vous !" car après il sera trop tard, alerte Olivier Clemençon, procureur au parquet de Saint-Pierre. Quand on voit des enfants de 12 ans qui sont des consommateurs habituels de zamal, et qui à l’adolescence passe à la cocaïne, à la MDMA et des drogues de synthèses plus dures, il ne peut pas y avoir de banalisation de la consommation de zamal".
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Forte hausse des saisies
Le trafic de produits stupéfiants à La Réunion est en constante augmentation depuis dix ans. A l’aéroport de Gillot, les saisies sont de plus en plus nombreuses.
"Pour la résine de cannabis, on est passé de 140 à 230 kilos, pour la cocaïne, on est passé de 16 à 30 kilos, et pour les drogues de synthèses, on est passé de 100 kilos environ à plus de 130 kilos", détaille Nicolas Le Gall, directeur régional de la Douane.
Des mules plus nombreuses
Ces saisies ont eu lieu en grande partie dans le fret express et postal. Il y a aussi les mules, ces personnes recrutées pour transporter la drogue dans leurs bagages ou dans leur corps. Elles sont difficiles à identifier. Depuis le début de l'année, 18 mules ont été interpellées à leur arrivée à l'aéroport de Gillot.
En juin dernier, une importante affaire avec transports de cocaïne, LSD et résine de cannabis a été mis au jour. "L’enquête a permis d’interpeller 14 personnes, à la fois les commanditaires qui se trouvaient en métropole, et dans le même temps, les destinataires de la marchandise ici à La Réunion", explique Laurent Chavanne, directeur territorial de la police nationale. Dans cette affaire, 200 000 euros ont été saisis.
Lutter contre le "web deal"
Les autorités assistent aussi à ce qu’elles nomment une "ubérisation" du trafic. Selon le général Frédéric Labrunye, commandant de la gendarmerie à La Réunion, cela s’illustre par une récente affaire suivie en début d’année par la section de recherche de Saint-Denis.
"Il s’agit de la lutte contre le web deal, explique-t-il. Quatorze sites et points de vente dématérialisés sur des pages Facebook et sites internet ont été démantelés".
Des trafics internationaux
Selon les autorités, aujourd’hui, les réseaux d’approvisionnement de drogues sont internationaux, et plus seulement de l’Hexagone ou de Guyane. "Quand on consomme de la drogue, on participe à des activités criminelles qui dépendent du trafic d’armes, du trafic d’êtres humains, de la prostitution, explique Jérôme Filippini, préfet de La Réunion. Consommer de la drogue n’est jamais anodin".