A La Réunion, les seniors davantage en perte d'autonomie que dans l'Hexagone

Comme dans l'Hexagone, la population à La Réunion vieillit - même si elle est la troisième région la plus jeune de France - et la tendance sera encore plus marquée dans les décennies à venir. En 2023, l'Insee comptabilisait 181 000 Réunionnais âgés de plus de 60 : c'est 20% de la population. Et en 2050, cette tranche d'âge représentera 26% des Réunionnais. Le nombre de gramounes de 75 ans ou plus sera multiplié par trois.

Voilà qui pose sérieusement la question de la perte d'autonomie, sur un territoire où les places d'hébergement sont peu nombreuses.

Qu'est-ce que la perte d'autonomie ? 

La perte d'autonomie est définie par les diverses difficultés rencontrées par les personnes âgées que ce soit autour de leurs capacités fonctionnelles, leur difficultés quotidiennes, et leur état de santé générale. "Elle provient notamment de limitations fonctionnelles qui se cumulent", note l'Insee. Qui précise : "Ces
limitations peuvent être physiques (se déplacer, monter un escalier, se servir de ses bras ou de
ses mains), sensorielles (voir, entendre), ou cognitives (comprendre, se concentrer, prendre des
décisions de la vie quotidienne)". 

A La Réunion, plus d'un quart d'entre eux, soit 27% des gramounes qui vivent à domicile (23% en métropole) sont concernés par au moins une de ces limitations fonctionnelles, et les femmes sont plus concernées que les hommes. 

11% des plus de 60 ans qui vivent à domicile sont en perte d'autonomie

La perte d'autonomie à domicile concerne 11% des Réunionnais de 60 ans ou plus (19 000 personnes) qui vivent chez eux plutôt que dans un hébergement, contre 7% dans l'Hexagone. Un paradoxe puisque les seniors qui restent à domicile sont plus jeunes à La Réunion que sur le continent.

En effet, l'âge moyen de nos aînés qui vivent encore à leur domicile est de 70 ans à La Réunion, contre 72 ans en métropole. Comment expliquer cela ? 

Pauvreté et précarité facteurs de mauvaise santé 

L'Insee évoque premièrement la pauvreté, plus présente dans notre département, et qui est liée à une mauvaise santé. Des conditions plus précaires, notamment de logement, jouent sur la santé des personnes, et d'éventuelles difficultés financières entraînent au renoncement de certains soins ou à des habitudes néfastes pour la santé. Un exemple est la consommation insuffisante de fruits et de légumes ou le manque d'activité physique. Sans compter que la piètre santé peut s'avérer être un frein aux études ou à un emploi, et donc aux revenus, augmentant le risque de perte d'autonomie après 60 ans. 

Moins de places d'hébergement pour personnes âgées dépendantes

Au-delà d'une moins bonne santé des seniors réunionnais, ces derniers bénéficient de moins de places d'hébergement, expliquant aussi leur maintien à domicile. Fin 2021, selon l'Insee, le ratio est de 35 places en hébergement pour personnes âgées dépendantes sont disponibles pour 1 000 personnes de 75 ans ou plus, contre un ratio de 116 places pour 1 000 personnes dans l'Hexagone. 

Cohabitation intergénérationnelle et aide des proches

Heureusement, la cohabitation intergénérationnelle reste bien ancrée à La Réunion, même si elle tend à diminuer depuis dix ans. Selon les chiffres de l'Insee en 2021, la part des gramounes de 85 ans ou plus qui ne vivent pas seuls est de 63% à La Réunion. C'est 20 points de plus que dans l'Hexagone ! Cette cohabitation est bien souvent importante lorsque ces seniors sont en perte d'autonomie, puisque les personnes avec qui ils habitent peuvent leur venir en aide ou leur apporter du soutien au quotidien. "Quasiment tous les seniors reçoivent un soutien de leurs proches lorsqu’ils sont en perte d’autonomie à domicile, à La Réunion comme ailleurs (92 %)", souligne l'Insee. 

Aussi, les gramounes réunionnais reçoivent quasiment tous (98%) de l'aide professionnelle, qu'il s'agisse de soins infirmiers ou d'une aide ménagère, ou d'une aide technique comme une canne, un déambulateur ou un fauteuil roulant, ou encore l'aménagement de leur logement. 

En outre, ce maintien à domicile est encouragé par les politiques publiques, par le développement de l'accueil de jour, de services d'aide et de soins à domicile, ou encore de petites unités de vie avec médicalisation externe.