Quinze ans après la grande grève générale contre la vie chère de 2009, la Martinique s'embrase une nouvelle fois, avec ce même cri du coeur contre la politique de prix des grands groupes commerciaux en situation de quasi-monopole sur leur territoire.
Les manifestations ont viré depuis à l'émeute ce qui a conduit à l'instauration d'un couvre-feu. Ce mouvement a forcément un écho particulier à La Réunion où le mouvement COSPAR, en mars 2009, avait été lancé dans le sillage des évènements d'alors aux Antilles.
Vers un COSPAR bis ?
Des dizaines de milliers de Réunionnais avaient manifesté dans les rues de Saint-Denis et de Saint-Pierre pour crier leur colère et réclamer des mesures immédiates pour une baisse des prix, et notamment de la bouteille de gaz.
Alors un tel mouvement peut-il renaître sur l'île ? Jacky Balmine, le secrétaire général de la CGTR, ne l'exclut pas. "La Réunion n'est pas à l'abri", insiste-t-il. "On a eu le COSPAR et je suis convaincu que sans mouvement social, on n'aura rien à La Réunion".
"Sans bataille, on n'aura rien"
Tous les voyants sont au rouge, argumente le syndicaliste. "On a un vrai souci de pouvoir d'achat et ça me fait peur puisqu'on sait que l'Etat va serrer les vis de partout et c'est forcément nous qui allons payer encore une fois, estime-t-il. Il faut qu'on réagisse. Sans bataille, on n'aura rien malheureusement. Je ne dis pas qu'il faut qu'on mette le feu, mais on doit avoir une réaction puissante".
Une manifestation est dores et déjà prévue le 1er octobre prochain. La CGTR a rejoint les syndicats FSU, SAIPER, SOLIDAIRE, et Union Etudiante 974 au sein d'une intersyndicale pour cette "journée nationale unitaire de grève et de manifestation". Pas sûr pour autant que la mobilisation soit à la hauteur de leurs attentes.
"Le BQP ne suffit pas"
Quoi qu'il en soit, ces organisation ne cessent de dénoncer une précarité grandissante et un ras le bol des travailleurs. "A La Réunion, on n'est pas du tout épargné puisque la problématique de la vie chère concerne l'ensemble des Outre-Mer", souligne à son tour Jean-Paul Paquiry, le secrétaire général de l'Union départementale FO.
"On a des gens qui sont de plus en plus pauvres qui ont du mal à boucler les fins de mois. Alors il faut s'attendre à ce qu'il y ait aussi ce genre de mouvement ici dans les semaines qui suivent", ajoute-t-il. "Le BQP, le Bouclier Qualité Prix, ne suffit pas. Il ne répond pas du tout aux attentes des salariés et ici, lorsqu'on évoque ce problème, c'est un sujet tabou".
Quel budget pour l'Outremer ?
Le pouvoir d'achat se dégrade, la hausse des prix ne suit pas les salaires. Les organisation syndicales tirent une nouvelle fois la sonnette d'alarme. Reste à savoir si cette alerte sera véritablement entendue par le futur gouvernement Barnier.
Selon un document récupéré par le média Politico, le budget de l'Outremer pourrait passer de 2,7 à 2,5 milliards d'euros, soit une baisse de 200 millions d'euros.