Moins d’un électeur sur trois a glissé un bulletin dans l'urne ce dimanche 12 juin 2022, soit seulement 28,49% des inscrits. C’est une abstention de 71,51%.
Dans la deuxième circonscription, celle où l’on a le moins voté, c’est même un quart seulement des inscrits qui s’est rendu dans les bureaux ce dimanche.
Regardez les précisions de Philippe Fabing sur Réunion La 1ère :
Conséquence : pas d'élu dès le premier tour
Le taux de participation d’hier n’est pas une surprise, précise Philippe Fabing : “c’est le taux de 2017 moins deux ou trois points. La conséquence est claire : pas d’élu dès le premier tour, et pas de triangulaire”.
La participation est effectivement en recul de plus de trois points par rapport à 2017 : 28.49%, contre 31.72% de participation au premier tour précédent.
Malgré tout, la participation serait en réalité légèrement moins mauvaise, selon Philippe Fabing, directeur d’études à l’institut Sagis.
La participation officielle à La Réunion prend en compte environ 100 000 électeurs qui n’habitent plus dans l’île, donc les chiffres officiels sont inférieurs à la mobilisation des électeurs qui habitent à La Réunion, il faut rajouter des points.
Philippe Fabing, directeur d'études institut Sagis
Des législatives peu attractives
Moins mauvaise, mais faible quand même. L’explication est peut-être à chercher du côté du côté du type d’élection. Car Philippe Fabing rappelle que l’abstention importante aux législatives ne date pas d’hier.
Il y a vingt ans, on avait déjà 50% d’abstention au premier tour des législatives. Les électeurs se déplacent quand ils ont l’impression que ça sert à quelque chose. On n’observe pas de démobilisation aussi spectaculaire sur les municipales, la présidentielle.
Philippe Fabing, directeur d'études institut Sagis
Ainsi, les électeurs ont peut-être eu le sentiment qu’il n’était plus utile de se déplacer à nouveau, maintenant qu’Emmanuel Macron avait été réélu malgré un vote fortement opposé à La Réunion, tente d’expliquer le directeur d’études de l’institut Sagis.
Un phénomène générationnel
S'y ajoutent aussi des raisons générationnelles. Les plus jeunes électeurs ne raisonnent pas forcément comme leurs aînés, explique Philippe Fabing.
Les plus de 50 ans continuent à aller voter à peu près à toutes les élections, parce qu'ils ont intégré l'idée que le vote est un devoir civique. Les plus jeunes ne fonctionnent pas de cette manière-là. Ils font le reproche du manque d'utilité du mandat de député, et posent la question de la représentativité. Une dose de proportionnelle ou la reconnaissance du vote blanc font partie des voies qui méritent d'être explorées.
Philippe Fabing, directeur d'études institut Sagis
"Un problème de représentativité"
Depuis la mise en place du quinquennat, il y a “un vrai problème vis-à-vis du mandat parlementaire”, analyse Philippe Fabing.
On a pris l’habitude que la majorité pour le président élu était un fait acquis. Puisqu’on n’a plus d’élection intermédiaire, qui permettait au peuple français éventuellement de sanctionner le mandat présidentiel en cours, finalement, dans le cadre du quinquennat, la majorité vote de manière disciplinée, et l’opposition ne pèse pas de manière significative.
Philippe Fabing, directeur d'études à l'institut Sagis
D'où un problème de représentativité, qui n'encouragerait pas plus que ça les électeurs à aller choisir leurs députés.
Comment expliquer au peuple de France qu’un parti qui fait entre 20 et 30% à l’élection présidentielle, qui fait environ 20% aux élections législatives, peut avoir très peu, voire quasiment pas de députés, comme ça a été le cas du Rassemblement national lors de la précédente mandature ?
Philippe Fabing, directeur d'études à l'institut Sagis
Retrouvez l'analyse d'après premier tour de Philippe Fabing, invité de la matinale de Philippe Dornier ce lundi 13 juin 2022 sur Réunion La 1ère : https://la1ere.francetvinfo.fr/reunion/emissions-radio/l-invitee-de-la-matinale