Affaire des emplois présumés fictifs à la Région : 12 mois avec sursis et 5 ans d’inéligibilité requis contre Didier Robert

Didier Robert comparait dans l’affaire des emplois présumés fictifs de la Région
Au quatrième jour de procès, l’ancien président de Région, Didier Robert a répondu aux questions du tribunal dans l’affaire des emplois présumés fictifs au cabinet de la Région. En début d’après-midi, les réquisitions sont tombées à son encontre, ainsi que pour les autres prévenus.

12 mois de prison avec sursis, 5 ans d’inéligibilité, 50 000 euros d’amende et une interdiction d’exercer toute fonction publique, telle est la réquisition formulée par la procureure Véronique Denizot ce jeudi 18 avril en début d’après-midi à l’encontre de Didier Robert, ancien président de la Région.

Des "prises de guerre" 

Didier Robert a dit assumer ses choix expliqués par les besoins des services et les compétences des personnes recrutées et non parce que ces dernières pouvaient apporter comme voix, or pour la magistrate du parquet certaines embauches peuvent s’apparenter à une " prise de guerre ". Elle souligne qu’il entretenait des relations privilégiées avec ces personnes.

Et d’ajouter : " on ne comprend pas en quoi ces embauches ont apporté une plus-value par rapport au travail des fonctionnaires de la Région ".

Lors de son réquisitoire, la procureure de la République insiste sur le fait que le travail des collectivités est examiné quelque soit la couleur politique de ses élus. La lutte contre les atteintes à la probité est une priorité à La Réunion, rappelle-t-elle. La magistrate du parquet défend le travail de "haute qualité" de l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions finanières et fiscales, bien qu'elle regrette que certains actes n'aient pas été réalisés par manque de temps et de moyens. 

Du sursis et des amendes pour les autres prévenus 

A l’encontre de Jean-Louis Lagourgue, ancien 1er vice-président de Région sous la mandature de Didier Robert, la procureure requiert une peine de 10 000 euros d’amende pour prise illégale d’intérêt. L’infraction de complicité de détournement de fonds publics est insuffisamment caractérisée.

4 mois avec sursis , 5 000 euros d'amende et 3 ans de privation des droits civiques ont été requis à l'encontre d'Yves Ferrière. La procureure souligne qu'il n'y a pas eu d'appel à candidature pour son poste, pas de fiche de poste non plus. Le profil politique est évidemment avéré, selon elle : " il est remarquable qu'il dise qu'il n'ait jamais fait de politique à la Région. Les mots ont un sens ". 

Même réquisition à l'encontre de Yoland Velleyen, positionner sur un poste de catégorie A pour lequel aucun appel à candidature n'a été fait. Son contrat avait pour objet les relations internationales, une erreur a-t-il expliqué, lui qui travaillait sur le patrimoine culturel réunionnais. 

Pour Sabrina Ramin, la procureure requiert 4 mois avec sursis, 6 000 euros d'amende et 3 ans de privation des droits civiques. Elle qualifie son embauche d' "imposée" au conservatoire de Saint-Benoit, et souligne également l'absence d'appel à candidature sur le poste. 

2 mois avec sursis, 1 500 euros d'amende et 1 an de privation des droits civiques sont requis à l'encontre de Jean-Charles Maroudé, dont le recrutement a été instrumentalisé pour faire un lien avec la communauté tamoule, estime la procureure. 

La magistrate requiert 3 ans avec sursis, 4 000 euros d'amende et de la privation des droits civiques à l'encontre de Ravy Vellayoudom, évoquant une proximité politique avérée avec Didier Robert, 3 mois avec sursis, 4 000 euros d'amende et 3 ans de privation des droits civiques pour Alfred Ablancourt, 4 mois avec sursis, 5 000 euros d'amende et 3 ans de privation des droits civiques pour Yannick Gironcel, dont la proximité politique avec Didier Robert est aussi considérée comme avérée, et enfin 3 mois avec sursis , 4 000 euros d'amende et 3 ans de privation des droits civiques à l'encontre d'Ismaël Aboudou. 

Une dizaine de prévenus pour huit emplois présumés fictifs 

C’est en fin de matinée de ce jeudi 18 avril, que Didier Robert s’est avancé à la barre pour répondre aux questions du tribunal. Poursuivi pour détournement de fonds publics et prise illégal d’intérêt, l’ancien président de Région comparait dans l’affaire des emplois présumés fictif au sein de son cabinet.

Huit embauches entre 2016 et 2019 sont apparues comme litigieuses auprès de la Chambre régionale des Comptes qui a révélé l’affaire. En clair, il lui est reproché d’avoir assuré à sa garde rapprochée des postes bien rémunérés mais dont la matérialité pose question, selon l’enquête.

Didier Robert assume ces embauches

Comme lors de sa prise de parole mardi 16 avril sur les méthodes de recrutement au sein du cabinet de Région, Didier Robert a redit ce jeudi assumer ces embauches en sa qualité de président de Région.

Il ajoute que les choses ne se sont pas faites en misouk et appelle à faire le distinguo entre les prévenus disposant du statut d’agent territorial et les prévenus embauchés comme conseillers techniques ou chargé de mission. Les premiers relèvent en effet de la responsabilité des Directeurs des services et des ressources humaines, tandis que les seconds relèvent directement du cabinet

Des missions bien remplies selon Didier Robert

Quant au caractère présumé fictif de ces embauches, Didier Robert cite des exemples, estimant que Yoland Velleyen, chargé de travailler sur le patrimoine culturel réunionnais, a bien rempli ses missions.

Plus tôt dans la matinée, son ancien directeur de cabinet, Vincent Bègue a assuré qu’à aucun moment il n’a eu favoriser une candidature. Et d’ajouter : Et si j’avais appris que ça se faisait par intérêt politique, j’aurai refusé et j’aurai remis ma démission.

Sur le nombre important de collaborateur au cabinet, réglementairement limité à 6 postes, les deux hommes expliquent qu’il était en lien avec le nombre important de missions à réaliser. « Une charge de travail » qui ne pouvait être supportée autrement, assurent-ils.