Comprendre comment étaient recrutés les collaborateurs et comment était évalué leur travail ? Tel est l’objectif des débats de ce deuxième jour de procès. Ce mardi 16 avril, Didier Robert a été le premier à prendre la parole.
Une dizaine de prévenus pour huit emplois présumés fictifs
L’ancien président de Région comparait dans l’affaire dite des emplois présumés fictifs du cabinet de la Région. Il est jugé pour détournement de fonds et prise illégale d’intérêts. A ses côtés, Jean-Louis Lagourgue, ancien 1er vice-président à la Région, Vincent Bègue, l’ex-directeur de cabinet de Didier Robert, et 8 anciens collaborateurs sont jugés pour complicité et recel.
Un nombre anormalement élevé d’embauches a été constaté au sein du cabinet du président de Région entre 2016 et 2019, lors de la mandature de Didier Robert. Des embauches qualifiées " d’emplois de complaisance " par la Chambre Régionale des Comptes.
" Ce n’était pas mon travail ", s’agace Didier Robert
Interrogé sur la procédure de recrutement des collaborateurs au sein de son cabinet, Didier Robert a confirmé qu'il avait bien la main sur le choix de ses collaborateurs, mais que s’il avait son mot à dire, la gestion de cette procédure revenait au directeur général des services et au directeur des ressources humaines.
" L'autorité dans une collectivité, c'est l'élu ", confirme Me Philippe Cressen, l'avocat de l'ancien président de Région. Il s'interroge sur le travail des enquêteurs et de la Chambre Régionale des Comptes, qui a révélé l'affaire.
" A La Réunion, nos magistrats de la CRC se sont crus tout à fait compétents pour rendre des observations, dont il apparait aujourd'hui, à travers les témoignages, que ces magistrats ont voulu faire la boue avant la pluie. "
Me Philippe Cressen, avocat de Didier Robert
Et d'ajouter " qu'il aurait fallu que les CRC se renseignent correctement sur ce que sont les procédures de recrutement en droit administratif. " L'avocat estime que le " ballon de baudruche se dégonfle progressivement " et affirme que " chacun a accompli la fonction qui était la sienne ".
Le président du tribunal se dit surpris que l’on ait décidé de créer des nouveaux postes avant d’évaluer les besoins de la collectivité. Là encore, l’ancien président de Région renvoie la balle vers les cadres administratifs. " Je ne me défausse pas ! ", s’agace Didier Robert. " Ce n’était pas mon travail ! "
Le rôle " limité " des directeurs des ressources humaines cités comme témoins
Après l’élu, l’ancien et le nouveau directeur des ressources humaines de la Région ont pris la parole, cités comme témoins. Le premier, également en poste sous la mandature de Paul Vergès, explique à la barre que son rôle se limitait à vérifier la légalité des procédures d’embauches.
Son successeur en 2016 va dans le même sens en expliquant qu’il n’était pas destinataire des décisions de recrutement, comme pour le recrutement de Sabrina Ramin, payée comme conseillère technique au Conservatoire de Saint-Benoît. Un cas cité en exemple pour illustrer les lacunes du contrôle des missions réalisées. Pour ses nombreuses absences, elle a d’ailleurs dû rembourser 7 000 euros en 2019.
De la difficulté du contrôle des missions réalisées
Certains témoins ont expliqué la réalité de leur travail, comme Ismaël Aboudou. L'ancien conseiller technique aux grands projets culturels était payé 5 000 euros par mois entre 2016 et 2020. Pourtant, on ne lui attribue qu'un fantomatique festival baptisé "Guetali".
Ismaël Aboudou a expliqué que son travail était bien réel et qu'il consistait à se faire le relais des artistes péi. Il assure avoir fourni des preuves.
" Mr Aboudou a livré un certain nombre de documents, 117 000, dans le cadre de l'audition qui a été la sienne, qui n'ont pas été semble-t-il exploités à la mesure en tout cas de ce qu'on entendait ", soutien son avocate Asma Dodat-Akhoun.
A qui donc la responsabilité de contrôler le travail des différents collaborateurs de cabinet ? La question reste posée.