Air Austral : l'accord de performance collective enfin signé

Les syndicats et les représentants du directoire de la compagnie Air Austral ont enfin trouvé un accord
Après plusieurs jours de discussions, la direction et les organisations syndicales d'Air Austral ont enfin signé l'accord de performance collective pour les années 2025 à 2026. Les représentants des salariés parlent d'une sortie de crise au goût amer, mais néanmoins nécessaire pour la survie de la compagnie aérienne.

C'est une étape importante qui a été franchie ce jeudi 9 mai par les représentants de la compagnie d'Air Austral. Les membres du directoire et les organisations syndicales ont trouvé un terrain d'entente et apposé leur signature en début d'après-midi sur un document formalisant l'accord de performance collective (APV) indispensable à la survie de l'entreprise pour la période 2025-2026.

Interrogés tour à tour, les représentants syndicaux ne parlent pas pour autant de victoire puisque les 850 salariés d'Air Austral vont bien devoir consentir à faire des efforts sur leurs salaires, comme le réclamaient les actionnaires privés réunis au sein du consortium Run'Air.

"Ce n'est pas une victoire, c'est un compromis"

Baptiste Dei Tos, délégué syndical du SNPNC-FO

Le reportage de Réunion La 1ère : 

Air Austral : l'accord de performance collective est enfin signé ©Réunion la 1ère

L'effort conséquence des pilotes de ligne

Le SNPL, le Syndicat nationale des pilotes de ligne majoritaire chez Air Austral, a notamment dû faire d'importantes concessions, avec "une perte de pouvoir d'achat de l'ordre de 45% sur la période 2017-2026".

Selon son représentant Vivien Rousseau, les 115 pilotes de la compagnie vont contribuer à hauteur de 5,3 millions d'euros sur la baisse globale de la masse salariale, "ce qui est quasiment équivalent à l'apport de notre actionnaire privé".

"Il va y avoir des sacrifices. Aujourd'hui, nous étions sur une contrainte de trésorerie, explique Frédéric Bénard, délégué syndical à la CFDT. Mais nous souhaitons clairement que ce soit la dernière fois que les salariés doivent contribuer à payer des erreurs de gestion". Les représentrants indiquent à présent qu'il revient à la direction de la compagnie aérienne de mener à bien le cap pris avec cet accord.

Un plan de redressement à présenter à l'Etat

Malgré un chiffre d'affaires qui dépasse les 430 millions d'euros, l'activité reste en effet déficitaire. Après validation de l'accord par le Conseil de surveillance le 31 mai, le plan de redressement d'Air Austral sera ensuite présenté à l'Etat. Il reste donc encore du travail pour sauver la société réunionnaise.

La direction s'engage à ce que la situation redevienne au vert d'ici le 31 mars 2025. "Le plan d'économie de l'entreprise est aux alentours des 30 millions d'euros, indique Joseph Bréma, le président directeur général d'Air Austral. Nous avons actionné des leviers internes à hauteur de 22 millions d'euros et l'APC vient compléter le dispositif pour cette année".

Un avion de la compagnie aérienne réunionnaise Air Austral

Un accord accueilli "avec soulagement" par la présidente de Région

Huguette Bello, la présidente de Région qui est aussi à la présidence du Conseil de Surveillance d’Air Austral confie dans un communiqué avoir accueilli "avec un réel soulagement" la signature définitive de cet accord.

"La feuille de route exigeante fixée par l’État et dictée par la gravité et l’urgence de la situation, ne laissait aucune alternative, estime l'élue. Cet accord représente un effort remarquable du personnel dont nous devons mesurer toute la signification"

L'Etat "très attentif"

"À ce moment clé pour l’entreprise, salariés et actionnaires sont liés pour consolider l’avenir de notre compagnie, avec la volonté collective de retrouver le chemin de l’équilibre, indispensable à la poursuite de l’activité", conclut Huguette Bello.

Le préfet de La Réunion Jérome Filippini salue lui aussi la signature de cet accord. Le représentant remercie les partenaires sociaux et les représentants des actionnaires d’Air Austral "pour l’esprit de responsabilité dont ils ont fait preuve".

"Il s’agit d’une étape importante sur le chemin du plan de redressement de la compagnie aérienne, auquel l’État est très attentif", indique-t-il.