Après six mois d'absence, un nouveau foyer de petit coléoptère des ruches détecté à Saint-Philippe

Des colonies d’abeilles sont contaminées par le petit coléoptère, un insecte qui ravage les ruchers de l’île.
C'est une bien mauvaise nouvelle pour les apiculteurs de l'île qui ces derniers mois étaient soulagés de ne plus détecter de petit coléoptère des ruches chez eux. Mais une visite de "recontrôle" a donné lieu à une observation de ce nuisible dans un rucher de Saint-Philippe ce vendredi 3 février, informe la préfecture de La Réunion.

Cela faisait six mois qu'aucun de ces insectes ravageurs n'avait été observé sur l'île. Si bien que la préfecture annonçait le 27 janvier dernier une levée progressive, à venir, des mesures visant à lutter contre la prolifération du petit coléoptère des ruches, ou aethina tumida, qui a durant des mois fait des ravages chez les apiculteurs réunionnais. Sa présence avait été constatée dans une douzaine de foyers du sud de La Réunion. 

Regardez le reportage de Réunion La 1ère : 

Le timing est mauvais : à quelques jours de la récolte de miel de baies roses, le petit coléoptère des ruches a été de nouveau observé à Saint-Philippe

Mais c'est justement dans le Sud de l'île, à Saint-Philippe, que le petit coléoptère a été de nouveau observé vendredi le 3 février, dans un rucher, au cours d'une visite de "recontrôle", a informé la préfecture dans un communiqué ce samedi 4 février. Une observation immédiatement confirmée par les services de l'Anses (agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail. 

Un seul site concerné 

"On a découvert deux nouveaux petits coléoptères dans un piège, mais on ne sait pas depuis combien dedans ils étaient là", explique François Payet, le président du syndicat apicole Réunion. Des pièges préventifs mis en place dans des ruches installées à Saint-Philippe, par Bernard Savreux, un apiculteur professionnel des Makes. 

Toujours selon la préfecture, l'apiculteur concerné fait l'objet de mesures administratives de lutte pour éradiquer l'infestation. Plus précisément, il lui est interdit d'effectuer la transhumance de ses ruches, et donc de les transporter. Et, "à ce stade, ce seul site est concerné.

Un arrêté de mise sous surveillance 

Boris Calland, directeur adjoint de la Direction de l'agriculture de l'alimentation et des forêts (DAAF), précise : "On lui a remis un arrêté de mise sous surveillance, soit l'interdiction totale et immédiate de mouvement de ses ruches et de son matériel pour l'ensemble de ses ruchers, le temps qu'on approfondisse l'enquête épidémiologique pour déterminer comment le coléoptère est arrivé là, et qu'on détruise le foyer".  

Depuis le 21 juillet 2022, date de la dernière observation du petit coléoptère des ruches, les professionnels de l’apiculture espéraient être sortis de la crise. 7 000 ruches dispersées sur 550 sites avaient été contrôlées, sans présence de l'aethina tumida. Les autorités jugeaient, il y a encore quelques jours, la situation "encourageante" et préparaient l'allègement des mesures de restriction des transhumances. 

"On va demander rapidement une réunion"

Mais ce retour du petit coléoptère, même si encore localisé à un seul apiculteur, en inquiète bien d'autres. Les mesures pour mettre fin à la prolifération de l'insecte, l'année dernière, les avaient contraints à brûler leurs ruches pour se débarrasser du petit coléoptère, surtout dans le Sud de l'île. La préfecture devrait se prononcer en début de semaine sur l’évolution générales des mesures pour l’ensemble des professionnels de l’île. Pour l'instant, l’interdiction de déplacer les ruches dans le Sud de l’île reste en vigueur avant de nouvelles directives.

"Je ne sais pas si les apiculteurs pourront supporter une autre année comme 2022. On va demander rapidement une réunion avec la DAAF et la préfecture pour voir comment on peut aller quand même vers des mesures d'assouplissement", s'inquiète le président du syndicat apicole. François Payet, depuis un peu plus de six mois, ne peut plus effectuer les transhumances habituelles pour les miellées. 

François Payet, président du syndicat apicole Réunion déplore un nouveau coup dur pour la filière

Une découverte juste avant la récolte du miel de baies roses

Le président de la Chambre d'agriculture, Frédéric Vienne, est quant à lui d'autant plus soucieux que cette nouvelle découverte du petit coléoptère des ruches intervient juste avant la miellée de baies roses, l'une des deux principales miellées de l'année avec celle du letchis. 

"Tout le Sud va être pénalisé par l'impact de l'arrêté qui sera pris. Les apiculteurs vont être privés de revenus pour la miellée de baie rose. (...) Pour beaucoup, ils ont raté la saison du letchis en juillet-août, et aujourd'hui ils vont être encore pénalisés, c'est très contraignant pour eux", déplore-t-il. 

Un préjudice pour toute l'agriculture

Le secrétaire de la Chambre d'agriculture, Olivier Fontaine, exprime aussi l'inquiétude des professionnels : "Aujourd'hui, la transhumance est interdite dans un rayon de 10km autour des foyers constatés, ça ne concerne pas les autres zones, mais je pense que tous les apiculteurs sont inquiets. Parce que si ce petit coléoptère se propage sur l'ensemble de l'île, les 22 ou 23 000 ruches de La Réunion risquent d'être détruites, sans compter les ruches d'amateur". 

"Lorsqu'on doit détruire toutes ses ruches, c'est très compliqué pour le moral des apiculteurs, mais c'est aussi une grosse perte. Aujourd'hui il y a quand même beaucoup d'apiculteurs qui vivent de ce métier : détruire leur outil de production, et leurs abeilles, c'est une catastrophe". 

Olivier Fontaine, secrétaire de la Chambre d'agriculture de La Réunion

Au-delà, il estime qu'il s'agit non seulement d'un "coup dur pour la filière apicole", mais aussi pour toute l'agriculture, puisque "80% des fruits et des légumes ont besoin des abeilles", dont le nombre est diminué lorsque les ruchers sont amenés à être automatiquement détruits. 

Les précisions d'Olivier Fontaine sur Réunion La 1ère : 

Petit coléoptère des ruches : réaction d'Olivier Fontaine de la Chambre d'agriculture

Signaler les suspicions

Tout apiculteur, professionnel ou amateur, constatant ou suspectant la présence du ravageur Aethina tumida doit obligatoirement informer immédiatement le vétérinaire chargé du suivi de son rucher ou les services de la direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt : alimentation.daaf974@agriculture.gouv.fr ou 02 62 30 89 89.