Augmentation du prix des carburants : les professionnels du transport tirent la langue

Avec l’augmentation de plus de 7% du prix des carburants à La Réunion, les professionnels du transport n’ont pas d’autres choix que de revoir leurs tarifs à la hausse. Illustration à Saint-Paul dans un centre de formation à la conduite de poids-lourds.

C’est désormais une réalité. Depuis le 1er novembre, les automobilistes réunionnais doivent dépenser davantage pour leurs déplacements dans l’île. Il faut compter 11 centimes de plus pour le litre de sans plomb et 8 centimes pour le gazole. Une augmentation du prix des carburants de plus de 7% qui ne fait pas non plus les affaires des professionnels du transport.

C’est ce que nous confirment les responsables du centre de formation Nassibou, qui est spécialisé dans les poids-lourds, à Saint-Paul. "Entre le plateau et la circulation, un poids-lourd brûle 53 litres de carburant sur 100 kilomètres parcourus. Alors avec cette augmentation, il va forcément y avoir un surcout", explique  Jérôme Souleyrasse, transporteur formateur.

Regardez le reportage de Réunion La 1ère :

Augmentation prix carburants : une note salée pour les professionnels

Plus de 5 000 euros de frais de carburant en plus

Un surcoût qu’il faut donc rapporter aux sept véhicules de formation dont dispose cette auto-école, en plus du reste du parc automobile de la société. Emilie Nassibou, la directrice pédagogique du centre de formation, a fait le calcul.

"Actuellement, on a un budget (carburant, ndlr) de 6 500 euros mensuels pour l’ensemble de notre parc et avec l’augmentation de 7%, on se rapproche d’une hausse de 455 euros par mois. Si on multiplie ça sur 12 mois, ça fait une augmentation de plus de 5 000 euros", détaille-t-elle.

Quand le carburant augmente, tout augmente

Autant dire que cette forte hausse du carburant va se répercuter sur le coût de la formation. "Pour pallier à cette hausse, la première solution à laquelle on va penser, c’est augmenter nos prix, acquiesce Emilie Nassibou. Mais augmenter de manière raisonnable, pour compenser surtout cette perte. Je pense que tout le monde est dans cette logique actuellement".

Quand le carburant augmente, tout augmente, résume notre interlocutrice. Ce n’est pas Hugues Atchy, le président de la Fédération régionale des taxis indépendants 974, qui va la contredire. "On est 575 taxis à La Réunion et tout le monde utilise le gasoil pour ses déplacements", réagit-il à son tour. Mais c’est ici la préfecture qui va fixer les nouveaux tarifs des taxis.

Les taxiteurs encore plus fragilisés

Un délicat jeu d’équilibriste alors que la profession subit encore les conséquences de la crise du Covid-19, marquée par de multiples décisions de restrictions des déplacements.

"Il y a des taxiteurs qui ont eu des problèmes sur les charges, sur le financement des voitures, ou concernant l’approvisionnement de pièces. Donc tout ça a eu un impact sur notre profession. Et avec l’augmentation du gasoil, aujourd’hui, on est dans une situation difficile", conclut Hugues Atchy.

Le député Ratenon, l'un des rares élus à avoir réagi...

Jusqu’à présent, rares sont les personnalités du monde politique à avoir réagi face à cette hausse considérable du prix des carburants. A l’exception du député insoumis Jean-Hugues Ratenon, ce mardi 2 novembre. L’élu déplore le "silence assourdissant" qui a entouré l’annonce de cette augmentation. "Comme si c’était une fatalité", rajoute-t-il.

"Ce n’est pas l’explication que ces hausses sont inévitables compte tenu de l’augmentation du prix du baril de pétrole qui a été multiplié par 4 depuis avril 2020 qui doit nous consoler et nous faire avaler la pilule", lance encore le député réunionnais en mettant en parallèle les bénéfices records enregistrés par les pétroliers.

Cospar en 2009, Gilets jaunes en 2018

Pour Jean-Hugues Ratenon, cette situation n’est pas sans rappeler le combat mené par le Cospar en 2009 pour dénoncer la vie chère à La Réunion ou encore le contexte qui a conduit à la naissance du mouvement des Gilets jaunes en 2018.

Et l’élu de qualifier de "mesurette" la décision prise par l’Etat de verser une indemnité de 100 euros aux 38 millions de Français qui gagnent moins de 2 000 euros nets par mois. A l’approche des élections présidentielles, la question du prix des carburants est devenue un sujet hautement sensible...