Les baleines à bosse de La Réunion sous surveillance satellitaire

Ce week-end débute un programme scientifique de suivi satellitaire de baleines à bosse présentes le long des côtes de La Réunion. D'ici le 15 septembre, 15 baleines seront équipées de balise Argos pour identifier leurs trajets entre l’Océan Indien et les sites de nourrissage en Antarctique.

 
Ce samedi 31 août doivent commencer les opérations de pose de balises Argos sur une quinzaine de baleines à bosse présentes au large de La Réunion. Depuis 2007-2008, ces animaux sont davantage observés dans les eaux réunionnaises. Une augmentation qui reste encore mystérieuse pour les scientifiques, même si l’arrêt de la chasse commerciale de la baleine à bosse pourrait en être un des facteurs principaux.

Mais au-delà de leur présence, leurs migrations, leurs habitudes alimentaires, et bien d'autres données indispensables à leur compréhension et donc à leur protection restent inconnues. Les scientifiques mènent donc des travaux de recherche pour acquérir davantage de connaissances en la matière. Parmi ces travaux, il y a des campagnes de suivi par satellite, comme celle qui démarre ce samedi.
 

Compléter les connaissances sur les baleines à bosse

En 2013, la première campagne, mise en œuvre par l’Association Globice à La Réunion, avait été déployée en milieu de saison pour suivre les mouvements des baleines pendant la période de reproduction.

Elle avait notamment permis d’identifier un haut niveau de connexion entre La Réunion et Madagascar. Il a ainsi été révélé que ces deux îles sont étroitement liées dans leur rôle au niveau du cycle biologique des animaux. De nouveaux sites de reproduction et l’utilisation des monts sous-marins par les baleines à bosse ont ainsi été découverts.  
©Association Globice Réunion

Cette fois-ci, c’est en fin de saison que les scientifiques ont choisi d’opérer. En effet, à l’heure actuelle, les scientifiques ne savent pas où les baleines à bosse de La Réunion vont s’alimenter, c’est donc l’un des enjeux principaux de cette seconde campagne. Les données recueillies seront indispensables pour protéger l’espèce tout au long de son cycle biologique et comprendre les variations de fréquentation des baleines à La Réunion par exemple.
 

Un balisage sous haute surveillance

La pose de balises est une étape indispensable pour en savoir plus sur le cycle migratoire de ces cétacés, mais aussi délicate. Les scientifiques et bénévoles de l’association Globice Réunion devront ainsi s’approcher des baleines à bosse bien plus qu’il n’en ait d’ordinaire coutume. Il leur faudra donc déroger aux distances réglementaires fixées par la charte d’approche des cétacés.

La balise sera arrimée juste en-dessous de la nageoire dorsale de l’animal, dans le lard épais. Une opération qui doit être menée dans les meilleures conditions pour limiter le stress causé aux baleines. Au bout de quelques semaines, l’équipement sera "rejeté" par l’animal, comme une écharde chez les humains.
 
La Brigade Nature Océan Indien sera présente pour la réalisation de ces opérations et c’est un des rares spécialistes internationaux à ce type d’opération qui réalisera la pose des balises, Amy Kennedy. Un prélèvement de peau sera également effectué durant l’opération. Il doit permettre de déterminer le sexe de l’animal et permettre son identification génétique.
 

Un programme international

MIROMEN II, pour Migration Routes of Megaptera novaeangliae, c’est le nom de ce programme, a pour but de compléter les connaissances acquises concernant les dynamiques migratoires des baleines à bosse et les trajets qu’elles empruntent vers les sites de nourrissage en Antarctique, encore peu connus à ce jour.

Ce programme de recherche sur une espèce protégée est financé par l’Europe, la Région Réunion et la DEAL. Il bénéficie d’une dérogation du ministère de la transition écologique et une autorisation de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation.

Les opérations de déploiement des balises Argos concernent Madagascar, Mayotte, les Comores, La Réunion ou encore le Kenya, et font l’objet de travaux de recherches partagés dans le cadre du Consortium IndoCet actuellement animé par Globice.