C'est une filière qui pourrait bien décoller dans les années qui viennent. A La Réunion, 15 producteurs se sont lancés dans la culture du cacao. Une spécialité qui leur impose d'abord la patience puisqu'il faut attendre cinq ans avant de pouvoir récolter les premières cabosses.
A l'heure actuelle, cinq producteurs se partagent ainsi les 700 kilos de fèves récoltés localement tous les ans. Parmi eux, Simon Vienne qui est installé dans l'Est de l'île, mais aussi dans le Sud, car le cacao pousse plus facilement dans les régions les plus "arrosées", nous explique-t-il.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Des conditions favorables à la culture
"On est plus sur des phases d'essai. Les agriculteurs y vont vraiment à tâtons et l'offre n'est pas encore suffisante pour fournir les chocolatiers de l'île", rajoute notre spécialiste. Mais les premiers résultats des études réalisées par le Cirad qui accompagnent les acteurs de la filière confirment que "les conditions techniques sont bonnes pour la culture".
La Réunion serait donc une terre propice à la culture de cacao ? "Les tests qu'on a fait depuis un peu plus de cinq ans montrent que les générations de ce qu'on a semé à partir des plants qui existaient sur l'île donnent satisfaction", souligne Simon Vienne.
Une plantation bio à Saint-Philippe
Franck Morel est lui installé dans le Sud sauvage à Saint-Philippe et il s'est lui aussi lancé dans le cacao. L'agriculteur dispose déjà de 500 pieds, sans compter les 50 plantés sur sa nouvelle parcelle. "D'année en année, on augmente nos surfaces de production. Pour demain avoir des quantités qui essaient de satisfaire à la demande, précise-t-il. A l'échelle de La Réunion, c'est une nouvelle piste de diversification que l'on a en main et qu'on essaie de développer".
Et le jeune passionné ambitionne d'atteindre les 1 000 pieds de cacao d'ici trois ans. "J'ai encore environ 300 plants qui attendent en pépinière pour être plantés. L'objectif c'est que d'ici 10 ans, on soit en pleine production et qu'on dépasse les 2 à 3 tonnes de cacao".
Et le propriétaire de la "bitasyon bio" a fait le choix de multiplier les variétés. "Si demain, on a un problème sur une variété, on en aura une autre pour nous sauver la mise !"
Une variété péï plus fragile mais d'une saveur inédite
Si le cacao réunionnais est plus fragile que d'autres variétés, il présente néanmoins un fort potentiel aromatique que recherchent les chocolatiers. Des professionnels péï à l'image de Richard Lauret, fondateur de la marque de chocolat "Les Cabosses ailées".
"Avec le cacao criollo ("créole" en ancien espagnol, ndlr) planté à La Réunion, on est sur des notes de miel et de biscuit, décrit-il. C'est vraiment très bluffant parce que dans le reste de la région Océan indien, on est plutôt sur des notes de fruits acidulés. Là, on est sur quelque chose de complètement différent".
Un succès grandissant
Le chocolatier installé à Grand Bois ne fabrique que des tablettes d'excellence. "On fait du chocolat de terroir, c'est-à-dire qu'on transforme les cacaos de par leurs origines. On ne fait pas de mélange". Le professionnel se targue de produire du chocolat péï aux saveurs différentes des variétés brésiliennes ou malgache.
Une différence que comptent bien exploiter nos faiseurs de chocolat réunionnais. 600 tablettes sont sorties de l'atelier des Cabosses ailées lors des dernières fêtes de Noël et elles ont été vendues en seulement deux semaines. La prochaine fournée est annoncée pour la fête des mères, et il n'y en aura pas pour tout le monde.