Elle était attendue, cette montée de bichiques. Alors que la lune l'annonçait depuis dimanche, il a fallu attendre ce vendredi 27 décembre pour voir les bichiques faire leur montée dans l'embouchure de la rivière des Marsouins, à Saint-Benoît.
Mais les pêcheurs à vouve présents sur place en cette fin de journée sont un peu perplexes. L'alevin est présent en nombre, mais ne frétille guère, et stagne à l'entrée des canaux. "Bisik i dort. C'est la sécheresse, il n'y a pas assez d'eau, et pas assez de courant" explique l'un d'eux.
"Désespérés"
Repérée au large tôt ce matin, cette montée a suscité des réactions mitigées dans le milieu. "On est désespérés", souffle le représentant des pêcheurs de bichiques professionnels au comité des pêches, Marceau Maillot. "On a beaucoup travaillé pour faire revenir le bichique, et là, ce sont d'autres qui se servent sans respecter les règles", déplorait-il ce matin.
Selon lui, de trop nombreux pêcheurs en mer avaient déjà fait main basse sur les précieux alevins avec leurs moustiquaires. "Ils étaient une centaine à l'eau au niveau du Butor, alors qu'il y a seulement vingt pêcheurs professionnels autorisés normalement", dénonce le pêcheur, qui estime à "environ deux tonnes" les bichiques ainsi ramassés.
À voir les étals du côté de Saint-Benoît, la récolte semble avoir été bonne pour certains en tout cas.
Six tonnes depuis le début de saison
"Non seulement c'est interdit, mais en plus c'est dangereux car il y a des requins", souligne Marceau Maillot, qui dénonce également des ventes sans autorisation. "Seuls les pêcheurs professionnels sont autorisés à commercialiser. Là, il y a des étals au bord des routes où les vendeurs n'ont pas leur carte. C'est aussi un risque pour le consommateur", prévient le représentant des pêcheurs.
Depuis le mois d'octobre, il estime à environ six tonnes les bichiques pêchés sur l'ensemble du département. Cette montée était très attendue avant le réveillon du jour de la Saint-Sylvestre.
Mets particulièrement apprécié des Réunionnais en cette période de fêtes, le bichique peut se négocier autour de 100 euros le kilo. Un caviar péi qui aiguise les appétits des braconniers, au point que les services de l'Etat ont dû prendre ces dernières années des mesures drastiques afin de sauver la ressource.