Campagne sucrière 2023 : un premier bilan peu positif à mi-parcours, des chiffres alarmants selon la Chambre d'agriculture

Campagne sucrière difficile pour les planteurs cette année encore.
Environ un mois et demi après le début de la campagne sucrière, la Chambre d'agriculture de La Réunion a souhaité faire un premier bilan, à mi-parcours. Les planteurs sont inquiets, face aux nombreuses difficultés rencontrées depuis le début de cette période intense pour eux.

Si la campagne sucrière 2022 avait été considérée comme l'une des pires jamais observées, celle de 2023 n'a pas inversé la tendance pour le moment. Un mois et demi à peine après son démarrage, déjà tardif, la Chambre d'agriculture de La Réunion a souhaité faire un bilan provisoire.

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La campagne sucrière en cours n'est pas terrible jusqu'ici.

Ce dernier n'est pas du tout reluisant. Hormis un manque de main d'oeuvre pour couper, une basse richesse de la canne, et un démarrage avec un mois de retard de la campagne, ce qui inquiète le plus les agriculteurs à ce stade, ce sont les nombreuses pannes d'usine. 

Des pannes à répétition, des retards sur les livraisons 

"On a encore eu une panne d'usine cette semaine sur la centrale thermique de Bois Rouge. Les cannes s'accumulent sur la plateforme, on est en retard", souffle Olivier Fontaine, le secrétaire général de la Chambre d'agriculture.

La panne de cette semaine n'est pas isolée : plusieurs ont impacté la réception des cannes depuis le début de la campagne sucrière, alors que les cannes sont prêtes à être récoltées et attendent dans les champs. Rien que cette semaine, deux jours ont été ôtés du planning de réception des chargements dans l'Est. 

"On commence a vraiment se poser des questions sur la fin de campagne : est-ce qu'on va pouvoir tout livrer ? C'est vraiment très inquiétant."

Olivier Fontaine, secrétaire général de la Chambre d'agriculture de La Réunion

Moitié moins de cannes réceptionnées cette année

Ainsi, les chiffres sont alarmants, s'écrie la Chambre d'agriculture. Si on compare le tonnage réceptionné depuis le début de la campagne, c'est moitié moins que la moyenne observée sur les autres années : 380 000 tonnes à ce stade, contre plus de 600 000 tonnes les autres années selon la moyenne décennale. 

Dans les champs, la canne perd en valeur 

La situation est d'autant plus problématique que, pendant ce temps-là, les cannes qui patientent dans les champs sèchent et perdent en valeur. 

"Plus la canne reste au champ, plus elle va perdre en qualité, en tonnage et en richesse, au détriment des planteurs."

Olivier Fontaine, secrétaire général de la Chambre d'agriculture

Revoir les plannings de livraison de cannes 

Les planteurs craignent de ne pas pouvoir livrer la totalité de leur production avant la fin de la campagne en décembre. "On prend du retard sur l'entretien des champs et sur la plantation", pointe du doigt Olivier Fontaine, qui réclame à cor et à cri la révision du planning de livraison pour pouvoir rattraper le retard. 

Pour le secrétaire général de la Chambre, soit on fait tourner l'usine à plus haut régime, soit on décide d'envoyer plus de cannes vers l'usine du Gol. "Qu'ils proposent une solution, parce que les agriculteurs ne peuvent plus attendre aujourd'hui. (...) Nous on a fait notre part du boulot, et on a besoin de récolter pour vivre aussi", peste-t-il, soulignant que c'est la "deuxième année de suite qu'on observe des pannes toutes les semaines". 

Travailler à faire rentrer toutes les cannes

Frédéric Vienne, président de la Chambre d'agriculture, n'est pas plus optimiste et constate l'inquiétude croissante des planteurs.

"Une canne qui n'est pas récoltée, c'est une canne qui est perdue"

Frédéric Vienne, président de la Chambre d'agriculture de La Réunion

 

L'objectif désormais : tout faire pour que les récoltes puissent être absorbées par les usines en temps et en heure, quitte à réceptionner les chargements les dimanches et jours fériés dit-il. 

Des réunions du CPCS et des commissions mixtes d'usine

Face à ces perspectives peu positives pour le reste de la campagne, le président de la Chambre d'agriculture en appelle au dialogue avec les instances. Commission paritaire de la canne et du sucre (CPCS) ainsi que les commissions mixtes d'usine devraient prochainement se réunir pour revoir les plannings de livraison et les adapter à la situation. 

"L'heure n'est pas aux indemnisations"

Pour autant, Frédéric Vienne n'en est pas encore à demander des compensations à cette campagne qui ne s'annonce pas des meilleures. "L'heure n'est pas aux indemnisations, mais au travail", dit-il. Mais à la fin de la campagne, le président de la Chambre d'agriculture ne manquera pas de répertorier les "acteurs fautifs qui n'ont pas permis que la totalité des cannes soient rentrées" pour leur demander des comptes.