Le Marion Dufresne est malmené par les vagues. Il fait froid, quelques degrés au-dessus de zéro tout au plus, la mer s’est rafraîchie. Devant nous, l’archipel de Crozet, les falaises abruptes de La Possession, avec son camaïeu de vert, les goélands et les pétrels virevoltants sur nos têtes. Spectacle féerique.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
L'île de La Possession
Lorsque l’on écoute attentivement les murmures de l’océan subantarctique, chaque vague porte son histoire. Et chaque souffle du vent nous les raconte. L’histoire de ces manchots royaux nous emmenant avec eux dans un récital. Celle de cet albatros hurleur attendant avec impatience sa destinée après des mois d’absence.
Celle aussi de ces jeunes éléphants de mer, friandise préférée des orques. Dans l’archipel de Crozet, sur l’île de La Possession, ces récits sont bien connus. Ils ne se donnent qu’avec le temps. Après quelques soucis d’hélicoptère et le remplacement d’une pièce, nous décollerons seulement vers 15h pour la base d’Alfred Faure sur l’île de La Possession.
Claudine et Jérôme pour neuf mois dans l'archipel
Sur la petite base résident une cinquantaine de personnes l’été, la moitié l’hiver. Des scientifiques, des militaires et des infras, dont sept Réunionnais comme Claudine Marie-Louise du Tampon, et Jérôme Payet de Saint-Joseph.
Claudine et Jérôme sont ouvriers polyvalents pour neuf mois dans l’archipel. C’est la première mission pour la tamponnaise de 47 ans. Claudine travaille parfois dans des conditions rudes.
Le froid glaçant, le vent chaotique, et le manque de son île natale. Pour Jérôme, c’est la quatrième mission au compteur. Depuis l’arrivée du navire ravitailleur des terres australes et antarctiques françaises, Marion Dufresne, il y a deux jours, l’ouvrier polyvalent de 39 ans n’arrête pas.
Comme de nombreux Réunionnais, le Saint-Josephois a un jour été fasciné par l’Eden de ces contrées australes. Dans l’archipel de Crozet, une demi-douzaine de Réunionnais comme Claudine et Jérôme se démènent pour que des hommes puissent continuer à faire vivre des projets scientifiques. Après leur mission, tous rentreront. Et beaucoup reviendront, car le plus difficile ici n’est pas le froid chaotique ni le vent glaçant, c’est de revenir chez soi.