Carnet de bord : embarquement sur le Marion Dufresne, direction les TAAF

Terres lointaines du Sud de l’Océan Indien, les Terres et Mers australes françaises sont classés au patrimoine mondial de l’Unesco. Réunion la 1ère vous embarque sur le Marion Dufresne à la découverte des femmes et des hommes à bord et des différents districts.

Archipel de Crozet et des Kerguelen, île de Saint-Paul, île d’Amsterdam : les Terres et Mers Australes, perdues dans le sud de l’Océan Indien, entre l'Afrique et l'Antarctique, sont classées depuis peu au patrimoine mondial de l'Unesco.

Pour Réunion la 1ère, Laurent Pirotte a embarqué sur le Marion Dufresne afin de nous faire vivre l’ambiance sur le célèbre ravitailleur, et rencontrer les Réunionnais et ultramarins à son bord, et dans les différents districts.

Carte des territoires des TAAF

Quatorzaine obligatoire avant de monter à bord

Pour avoir la chance de fouler l’échelle de cordée du Marion Dufresne, 15 jours de confinement strict auront été nécessaires dans un hôtel de Saint-Pierre. Un calvaire utile cependant. Situation sanitaire oblige, il serait inimaginable de rapporter la Covid sur le bateau et dans ces terres reculées.

Ni le son des rutilants moteurs des voitures ni le claquement des tonitruantes plaques d’égout sous ma fenêtre n’auront empêché la douceur des rêves les plus improbables. Ceux de caresser un jour l’Archipel de Crozet, de crier Terre en repérant dans la morne brume les falaises torturées de Kerguelen, de découvrir une faune et une flore unique au monde, préservée de tout temps des ambitions humaines, jusqu’à rencontrer celles et ceux qui se risqueront à une aventure de plusieurs mois.

Dans ma musette, j’emporterai une caméra Sony P200, 2 caméras Mojo Pro "aménagées", 2 gopros, un appareil photo Nikon, des chargeurs, des batteries, des disques durs pour sauvegarder en double mes images, des micros HF et filaires, 2 pieds de caméra, un ordinateur portable. Près de 50 kg de matériel, plus une valise d’effets personnels.

Le Marion Dufresne, ravitailleur des terres du bout du monde

Ce matin du 1er décembre, sur le quai N°8 du Port, il est là. Depuis 25 ans, c’est le seul lien avec les Terres subantarctiques Françaises. 120 m de long, 20 m de large, 6 000 chevaux diesels vont emmener ce vieux loup de mer quatre fois par an dans les Terres Australes et Antarctiques Françaises.

A la vitesse moyenne de 14 nœuds, un peu plus de 25 km/h, le Marion Dufresne assure les relèves scientifiques, techniques, et assure l’approvisionnement nécessaire aux missions dans les bases des îles de Crozet, Kerguelen, Saint-Paul et Amsterdam. Un cordon ombilical entre la République et ces îles du bout du monde.

Regarder le reportage de Réunion la 1ère :

Des mesures de biosécurité drastiques

Sur le quai, Antoine Rouillé, chargé de la biosécurité, distille ses instructions. A quelques mètres, des agents soufflent à l’aide de lance puissante à air comprimé les containeurs et caissons métalliques, afin d’éliminer les dernières chances d’introduction d’espèce exotiques à bord. D’éventuelles graines végétales, insectes, rongeurs, pathogènes clandestins auraient un impact désastreux pour la biodiversité.

Sur le quai, des dizaines de petites boites étranges distantes de 20 m freineront définitivement toute velléité clandestine. Dispositif comportant de la colle contre les vertébrés, du fourmicide et des pièges mécaniques contre les rats. Tout fret sera minutieusement nettoyé avant embarquement et importation sur les districts austraux.

Le départ approche

A 16h30, l’échelle de coupée remonte, les 43 membres de l’équipage sont à leur poste, les 50 passagers inspectent leur cabine, la 6022 pour ma part. Nous nous retrouvons tous quelques minutes plus tard sur le grand pont avant du navire amiral. La sirène du Marion Dufresne brise notre excitation, un chant du départ salué par le vent chaud tropical de La Réunion, et les émotions nous envahissent.

Georges, médecin venu réaliser une étude sur le comportement cognitif des hivernants. Audrey, chargée de conservation, en mission 3 mois sur Tromelin. Serge, Belge en charge du projet Galileo aux Kerguelen. Jimmy, Malgache, matelot pompier. Julien, soudeur Breton (il en faut toujours) à Amsterdam. Manu, Réunionnais, agent polyvalent envoyé à Crozet. Certains de ces Robinson resteront 3 mois sur place, d’autres plus d’une année. Je n’aurai pas leur chance, et ne partagerai cette aventure, que le temps de la traversée.

Jimmy, matelot pompier malgache.

Bientôt Tromelin

Quelques instants encore plus tard, l’hélicoptère vient se poser à l’arrière du bateau, une première pour Sébastien Detan, le pilote Réunionnais qui assurera plus de 50 heures de rotations aériennes.

L’odyssée va durer 30 jours, 10 000 km. Bientôt nous serons seuls, égarés quelque part au Nord de l’océan indien. Direction l’île de Tromelin.