Carnet de bord : l'arrivée aux mythiques îles de Kerguelen

Pour ce nouvel épisode dans les TAAF, direction les mythiques îles de Kerguelen, sur la base de Port aux Français, où résident moins de 100 personnes en été, et une quarantaine en hiver. Notre envoyé spécial, Laurent Pirotte, est allé à leur rencontre.

Archipel de Crozet et des Kerguelen, île de Saint-Paul, île d’Amsterdam :  les Terres et Mers Australes, perdues dans le sud de l’Océan Indien, entre l'Afrique et l'Antarctique, sont classées depuis peu au patrimoine mondial de l'Unesco.  

En décembre dernier, notre journaliste Laurent pirotte a pu se rendre sur ces territoires inhabités où la France entretient sa présence avec des équipes de chercheurs, de techniciens qui se relaient sur place.

Aujourd’hui, nous arrivons sur les mythiques îles de Kerguelen, sur la base de Port aux Français plus exactement, où résident moins de 100 personnes en été, une quarantaine en hiver, au milieu des éléphants de mer.     

Regardez le reportage de Réunion La 1ère :

©reunion


L'arrivée aux Kerguelen  

5h00 du matin, le navire des terres australes s’approche de la baie des Swains, sur les côtes déchirées du sud des Kerguelen. Sur le pont, la température a chuté, quelques degrés au-dessus de 0 tout au plus.  

Concentration optimale sur la passerelle, le pilotage se fait manuellement. Pas besoin de corne de brume, ici, nous sommes isolés. Et ce vent chaotique qui continue de porter les histoires des premiers marins approchant ces terres désolées, rêvant de découvrir l’Eden australe. Nous partirons nous abriter dans la baie de Greenland, et lorsque l’accalmie viendra, nous décollerons pour la seule base habitée.  

Port aux Français  

Les Kerguelen, aussi vaste que la Corse, trois fois plus étendues que La Réunion. Et sa petite capitale : Port aux Français.  

Accueil Républicain oblige, Philippe Guéna reçoit les invités et la relève. A la fois maire, douanier, officier de l’état civil, de police judiciaire, le chef de district nous fait la visite guidée des lieux.  

La petite église de Notre Dame du Vent (où fut célébré quelques mariages et enterrements), l’hôpital, le centre national d'études spatial (en cours de fermeture), Fusof, la bibliothèque, le site de Météo France, avec en prime un lâcher de ballon, le 34688ème, monté à 30 111 m d’altitude, parti à 154 km à l’Est de paf. Il explosera au bout d’une heure et 39 minutes.  

Il y a sur Port aux Français, 150 éléphants de mer. Il y en aurait 300 000 sur toute l’île de Kerguelen. C’est à peine si ces adolescents de 800 kgs nous remarquent. Adultes, ils pèseront trois tonnes quand même.  

La petite capitale de Port aux Français est née dans les années 50, 90 personnes résident l’été et la moitié l’hiver. Soit un habitant tous les 150 km2. Des chercheurs, des techniciens, des volontaires du service civique et des militaires, qui se relaient dans une trentaine de bâtiments posés sobrement.  

L'histoire des Kerguelen  

Dans les années 70, des fusées dragon et Eridan rugissaient sur ce pas de tir. Leur explosion produisait des aurores boréales artificielles, pour étudier l’atmosphère, une coopération franco-russe existait même à la fin de la guerre froide.

Aujourd’hui, les fusées et la coopération se sont envolées, mais la souveraineté de la France reste, sur ce grand confetti perdu sur les bords de la terre, le froid et le vent ne viendront pas à bout des cérémonies officielles du levé de couleur.  

En 1772, l’expédition d’Yves Joseph de Kerguelen avait pris possession de l’île au nom du roi Louis XV. Terres de gloire ou de désolation, avec le temps ce territoire trois fois plus grand que La Réunion a révélée des richesses.  

Désormais inscrite au patrimoine mondial de l’humanité. Demain, Nous reviendrons faire connaissance avec ces hommes et ces femmes qui ont choisis de venir vivre un temps aux Kerguelen, dans ce monde du bout du monde.